Aux yeux d'un chat -2-

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Un jour, Ray et Satoshi rentrèrent à la maison.  Je sortis de ma niche où dormaient mes enfants et alla les saluer avec les autres chats, mais Satoshi me caressa rapidement sur le dos avant d'aller prendre les affaires qu'il laissait chez nous, dans la chambre de Ray. Ray lui remplissait son sac. Satoshi en avait aussi un sur le dos.
Ils partaient quelque part ?
Ray écrivit quelque chose qu'il laissa sur la table. Je savais qu'il faisait ça quand il annonçait à Ollie qu'il dormait ailleurs. Mais cette fois, c'était différent.
Ils partaient vraiment ?
Ray se baissa devant ma niche et caressa mes chatons avant de m'appeler. Il me porta dans ses bras et me pressa contre sa poitrine.
C'était différent.
Satoshi me calina aussi, il me dit que j'étais une super mama. Il me laissa une conserve de thon ouverte que je ne touchais pas, je les regardais partir.
Je miaulas, mais la porte claqua. Je ne voulais pas réveiller mes petits, alors je rentras dans ma niche et m'allongea à côté d'eux, le cœur lourd.
Ils partaient..

Et ils ne revinrent pas.
Combien de temps passa depuis qu'ils étaient parties ? Je ne sais pas, je suis juste un chat, mais mes chatons étaient grands. Leurs crocs avaient poussés et ils marchaient. Ça fait si longtemps qu'ils ne sont pas revenus.
Ollie en était toute malheureuse. Mais elle ne pouvait pas partir, à cause de nous. C'est ce que je pensais. Elle relisait la lettre que Ray lui avait laissé, puis faisait les cents pas, puis relisait la lettre, puis soupirait. Il lui arrivait de pleurer.
Elle regrettait quelque chose, mais moi je ne sais pas quoi. Avec mes chatons et mes autres chats, on l'entouraient. On était tous des mères et des sœurs inquiètes. Mais je gardais espoir, comme devant la vitre quand j'ai vu Ollie pour la première fois.
Peut être que dieu nous envoyera un deuxième ange.

Il arriva, c'était un gardien. Qui dit quelque chose à Ollie, qui s'affaissa par terre. On avait entendu un sifflet noir annoncer la mort de quelqu'un.
Cette fois, dieu nous avait envoyé un ange de la mort.
Ollie nous laissa à une amie, et partit en voyage aussi. Quand elle revint, quelques semaines après, je ne la reconnus pas. Elle était toute pâle, le regard vide. Une ombre d'elle même. J'avais des nouveaux chatons, mais même eux ne lui redonnèrent pas le sourire.
Elle se mit à boire. Et Jacob à crier. Sur Ollie.
Je lui sautais dessus dès que ça arrivait, mais ce jour là, Jacob m'attrapa par la peau et me jeta dans la chambre de Ray où il m'enferma. Je miaulas à mort, pendant que lui hurlait à la maison. Quand Ollie me libéra, elle souriait. Un sourire creux, ses yeux étaient pleines de larmes.
Jacob était parti. Et Ollie allait partir aussi. Mais pas seule.

- Je vais t'emmener le voir, Boule de poils.

Elle m'emmena à l'hôpital. J'avais peur de cet endroit, je le connaissais pas, mais je faisais confiance à Ollie. Elle entra dans une chambre blanche, où Satoshi dormait sur un lit. Ou semblait dormir. Un chat sait reconnaître un être qui est proche de la mort. Il était presque tout en bandage blanc, je sentais le sang émaner de lui. Je sentais la mort flotter dans cette pièce. Je sentais aussi le monstre. Il ne mourait pas, lui.
Mais Ray n'était pas là.
Pourtant, je sentais aussi son odeur. Je ne savais pas d'où elle venait.

Ollie me posa sur le lit, je fis attention à ne pas marcher sur les tuyaux qui reliaient Satoshi à l'air et à la vie, et me mit en boule sur ses pieds. J'espérais l'aider. J'espérais qu'il se réveille et me gratte derrière les oreilles comme il le faisait toujours.
J'espèrais ne pas perdre un autre membre de ma famille si aimée.
Car Ray était mort. Je le savais.
Il ne se séparait jamais de Satoshi.
Ollie pleura en me caressant la tête. Je la vis poser quelque chose sur la table à chevet. Un objet noir, qui sentait comme Ray.
Mais Ray n'était pas là.
Le garçon qui a pleuré en me prenant dans ses mains quand je n'étais qu'un chaton, le garçon qui m'a donné tant d'amour et tant d'affection, n'était plus là.
Je n'ai pas pu le protéger. Je n'ai pas pu protéger Satoshi, ni Ollie.
Déchirée et coupable, je me mis encore plus en boule, et pleura sans larmes.
Ma famille, ma belle famille que la mort a détruit.. Désormais il n'en restait que des morceaux qui peignait à se recoller.
Comme moi, attendant ma mort, pour finalement être sauvée.
Oui, je gardais espoir.
Que ma famille revoit le soleil,
Ils méritaient le bonheur, comme ils m'ont en tant donné.

Souvenirs ( Basé sur un rôle play )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant