A STEP LATER

Chapitre I : Pourquoi moi ?

Pourquoi moi ?

La question que je me pose tout le temps quand le sort s'acharne sur moi.

Pourquoi TOUJOURS moi ?

La question que je pose actuellement en plein milieu du centre commercial avec les enfants que je garde pendant que les parents sont au travail.

Je le sais pourtant... ils sont insupportables. Mais bon, ils ne sortent jamais de chez eux, je me suis dit qu'une sortie leur ferait du bien et que ça les changerait de leur quotidien.

Je ne pensais pas que Charlie ferait une crise au milieu de l'allée bondée, entraînant sa sœur. Je n'ai qu'une seule envie : déguerpir en courant et faire comme si je ne les connaissais pas.

La honte m'envahit, en voyant tous les regards remplis de jugements des passants braqués sur moi. Quelle idée d'y aller un samedi aussi... le jour où il y a le plus de monde. En même temps, je les comprends, j'ai moi-même horreur des gamins qui braillent dans les lieux publics et je suis la première à les juger. Comme si les parents ne pouvaient pas mieux les tenir !

Sauf que là, c'est moi qui me donne en spectacle et qui me fait juger par tout le monde.

Désemparée, je m'accroupis devant eux pour essayer de les calmer. Je ne sais pas quoi leur dire pour qu'ils stoppent leur crise.

- Charlie, Olivia, arrêtez, je vous en supplie !

Le petit garçon aux yeux bleus me regarde et ses larmes de crocodiles ne s'arrêtent pas.

Sa sœur jumelle à côté de lui tape des pieds, son regard remplis de larmes dans le mien.

L'horreur.

Tout ça parce que je leur ai dit que nous irons manger une crêpe pour le goûter !

Je ne comprends décidément pas les enfants... Tout le monde aime les crêpes non ?

Qu'est-ce que je suis nulle pour m'occuper des enfants ! Si seulement j'avais écouté ma mère. Elle m'avait prévenu que garder des gosses n'était pas mince à faire. Et ces deux là ne m'aident jamais ! Je pensais qu'un goûter leur ferait plaisir.

Apparemment pas.

- Vous ne voulez pas de crêpes ?

La crise continue... Je sens mon cœur s'emballer petit à petit que les yeux des passants s'attardent sur moi, comme si c'était de ma faute que leur moment de détente au centre s'était transformé en cauchemar.

Je ne supporte pas de me sentir au centre de l'attention, ça me fait paniquer et perdre tous mes moyens.

Et là, je perds tous mes moyens.

Je sens mes joues rougir par la honte, j'ai chaud, mes mains tremblent. La colère envers moi-même et mon incapacité à gérer les situations difficiles monte un peu plus. Ma voix tremble alors que j'essaie de poser la question, qui j'espère va les calmer.

- Que voulez-vous alors ?

D'un coup, les deux monstres à mes côtés s'arrêtent de pleurer et se regardent, complices, un petit sourire en coin comme s'ils se comprenaient et que le plan qu'ils avaient monté depuis longtemps s'était déroulé à merveille.

Lentement, Charlie se tourne vers moi. Bien que toute trace de larme ait disparu de son visage, je ne me sens pas rassuré pour autant par ce qu'il va me dire. J'ai l'impression que je vais exploser jusqu'à ce qu'il me fasse sa demande avec entrain.

- Evie, on veut manger une glace.

Oh non.

Tout, mais pas ça.