Chapitre XXIII : Ne pars pas.

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KYLE

Trois jours plus tôt :

Je suis un peu claustro sur les bords.

Alors, à chaque fois que j'arpente les couloirs interminables de cette base sans fenêtres, j'ai l'impression que mon cœur va exploser et que les murs se referment sur moi petit à petit. Cette peur irrationnelle est accentuée par le fait que je n'ai pas la moindre envie d'être ici, surtout quand je sais qui d'autre s'y trouve contre sa volonté.

Mais je me force à placarder un visage impassible pour paraître sûr de moi. Personne ne doit savoir que je suis perturbé. Pour Evie comme pour moi et ma famille, le moindre faux pas sera crucial.

Bien que de l'extérieur, l'enceinte isolée à des kilomètres de Minneapolis parait on ne peut plus calme, à l'intérieur, c'est une cacophonie permanente qui règne, si bien que je me demande comment les gars qui bossent ici tous les jours arrivent à ne pas devenir fou. La réponse est simple : ils sont tous devenus un peu singlés, à l'instar de ce Sergio de mes couilles. Le clan Miller ne comporte qu'une poignée d'hommes à peu près sains d'esprit, dont Henry et Joshua. Quant à Vincent, le boss des boss, le chef indétrônable et qui ne laissera sa place sous aucun prétexte, même six pieds sous terre, lui ... C'est le plus détraqué du clan. Capable du pire contre ses ennemis, il est l'AS de la manipulation et des stratagèmes plus tordus les uns que les autres. Malheureusement pour moi, il me tient en joug.

Lorsque j'arrive près de la porte du bureau d'Henry, je m'arrête. Le stress que j'ai appris à gérer au fil des années remonte à la surface à la vitesse de l'éclair. Je ne maîtrise absolument rien. Depuis le début, je ne suis qu'un pion sur l'immense échiquier des Miller. Si je ne maitrise pas mes propres déplacements, bientôt, je ne ferai plus partie du jeu.

Après quelques secondes où je me force à respirer calmement, je me redresse et entre dans la pièce à la lumière blanche et aux murs de la même couleur. Quelle ironie que d'apparaître tel un ange, pour le second du plus grand réseau illégal du Minnesota.

Henry, qui discute avec Joshua, s'arrête soudainement. Il m'offre un regard condescendant alors que je hoche la tête. C'est tout ce que j'ai droit. Après tout, je ne suis que son chien de compagnie, dont il se sert pour montrer les dents quand il en a besoin. Pourquoi devrait-il me montrer davantage de respect ?

- Toujours pas de nouvelles des Perez ? me demande Henry.

Je lui fais signe de la tête que non. Depuis plusieurs jours, il m'a assigné une nouvelle mission : traquer le moindre signe qui ferait penser que nos ennemis sont sur le territoire américain et qu'ils souhaitent récupérer Evie, ou mieux, accepter les conditions pour qu'elle leur soit rendue. Pour ce faire, quand je ne suis pas à l'université, je suis censé faire des dizaines de kilomètres pour retourner au QG, checker les caméras de surveillance et déchiffrer le moindre papier reçu.

Cette activité est pour le moins ennuyante, pourtant, j'y mets du mien. Tout d'abord pour me faire bien voir d'Henry qui peine à me redonner sa confiance, mais la principale raison, c'est que leur venue voudrait dire que Evie serait libérée ou du moins mieux traité.

Sauf que je n'ai pas le moindre indice, et ça me bouffe.

- Fait chier, souffle le boss. On va devoir agir plus fort.

- Et par là, tu entends... quoi ? demande Joshua, les traits tirés.

- On va leur envoyer nos meilleurs vœux pour la nouvelle année, il répond, son air sadique ayant pris le relais. S'ils ne répondent pas à notre demande, c'est leur petite protégée qui en pâtira...

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