Chapitre 15.5 : Dignité

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L'horreur de la situation me frappe de plein fouet. J'ai l'impression que quelqu'un m'a balancé un parpaing en pleine figure.

Toute cette foutue université a vu la même photo que moi.

Et si je n'étais pas déjà au courant de l'atrocité qu'est mon corps, je le suis désormais. Les photos ne me mettant pas du tout à mon avantage et dévoilant mes pires défauts.

On me voit, de profil, ma peau est rougie par la douche très chaude que je viens de prendre. On peut clairement voir mes seins, ou devrais-je dire, mes planches à pain qui pointent vers le bas alors que je suis en train de finir de mettre ma culotte. Mes cheveux emmêlés et mouillés collent mon dos et retombent presque sur mes fesses, qui dans cette position, ne sont pas du tout mises en valeur ...

Je ne sais plus où me mettre et l'envie de pleurer m'envahit. Je suis clairement identifiable sur cette photo. Bien que peu de personnes ne me connaissent, mon intimité a été violée. Je n'ose pas relever la tête de mon téléphone car je ne veux pas voir tous les regards amusés tournés vers moi. Je ne veux pas voir le dégout dans les yeux des gens qui jugent mon corps de merde. Je ne veux pas voir son dégout à lui.

J'ai l'impression que le monde s'est arrêté en même temps que mon amour-propre. La musique qui résonnait dans ma tête il y a quelques secondes s'est tut tout un coup. Le brouhaha général également, me laissant dans le plus pesant des silences.

Il faut que je relève la tête. Que je trouve cette fille, pour voir si dans son regard, règne de la culpabilité.

"Fais attention à toi, sinon tu risques de perdre le peu de dignité qu'il te reste. "

Les paroles de Daisy me reviennent en boucle. Il n'y avait qu'elle dans les vestiaires. C'est forcément elle.

Sans prendre en considération les boum boum incessant de mon cœur, je relève la tête, à la recherche de cette salope qui m'a pris un morceau de moi.

Je l'aperçois.

Dans un coin de la salle.

Elle est nonchalamment adossée au mur, les bras croisés et un petit sourire narquois sur les lèvres.

Avant que je n'aie pu faire le moindre mouvement, Cassie s'est rapproché d'elle et lui attrape les épaules pour la faire tomber violemment par l'avant sous les regards incrédules les personnes à côtés d'elles.

- C'EST TOI ESPÈCE DE SALOPE !!

Le cri aiguë de Daisy empli toute la pièce. Elle se relève rapidement.

Une rousse que je crois reconnaitre comme étant une collègue des cheerleaders que Cassie déteste et très bonne amie à Daisy arrive vers elle à toute vitesse et lui tire les cheveux avec force pour l'empêcher de recommencer.

Mauvaise idée.

Cassie tient énormément à ses cheveux.

Alors que ma meilleure amie change de cible, je m'approche de Daisy qui me sourit toujours de la même manière.

Je ne peux empêcher ma main de partir et de s'écraser avec bruit sur la joue de Daisy. Celle-ci reste bouche-bée, la main sur sa joue. Son air ahurit me fait rire.

- Tu ne t'y attendais pas hein ? Ça fait quoi d'être pris au dépourvu sale garce ?

Des cris aigus et grave m'indiquent que tout le monde s'est tourné vers nous. Ils ont soif de spectacle et quelque chose me dit que Daisy est prête à le continuer.

Elle s'élance vers moi, non sans crier de sa voix de crécelle, et me prend de toutes ses forces par les épaules. Elle est plus grande et plus forte que moi. Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que j'ai beaucoup plus d'expérience et j'ai une assez bonne résistance à la douleur. Merci Jessy.

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