A STEP LATER

Chapitre XXVI : Ça fait du bien !

EVIE

Je suis partagée entre lui foutre mon poing dans sa gueule ou dans ses couilles.

Lorsque j'ouvre la porte de sa voiture et me faufile à toute vitesse dedans pour essayer de me réchauffer de ce froid glacial, son petit sourire en coin et son regard malicieux suffit à me faire douter.

- Putain, qu'est-ce que je fous là.

- Ça me fait plaisir aussi de te voir Evie.

Je ne pensais pas avoir parlé à voix haute. Pour éviter qu'il n'en dise davantage et me laisser dans mes réflexions, je tends la main vers la radio que je mets à fond sur du son rock. Voyant que je n'ai pas l'intention de faire attention à lui, Kyle démarre la voiture. Tout en frottant mes mains l'une sur l'autre pour essayer de les réchauffer, je tourne la tête vers l'extérieur et observe le campus enneigé défiler lentement. Évidemment, je m'étais renseigné sur la météo dans le Minnesota avant de venir vivre ici, j'étais donc bien au courant qu'il fallait sortir très couverts sous peine de perdre quelques orteils à cause des températures extrêmes. Étant frileuse au possible, c'est donc tout naturellement que je me suis habillée de trois pulls, d'un legging rembourré de moumoute en plus d'un jean, d'une doudoune chauffante ainsi qu'une grosse écharpe et d'un bonnet. Cependant, malgré le fait que chaque partie de mon corps, excepté mes yeux, soit couvert, je frissonne toujours dans cette voiture chauffée.

L'homme à côté de moi n'y est pas pour rien. Bien que j'essaie de me concentrer sur les paroles incompréhensibles hurlées à travers les enceintes de la voiture, je ne peux m'empêcher de sentir les regards que Kyle pose sur moi toutes les trente secondes.

Comment en suis-je arrivée là ?

J'aurais dû dormir cette nuit, ça m'aurait peut-être permis de ne pas faire l'erreur de l'appeler dès les premières lueurs du jour. L'idée que j'arrive enfin à me défendre toute seule me plait. Or, l'idée que ce soit lui qui m'apprenne ... beaucoup moins. Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté sa proposition. J'aurais très bien pu demander à William de désigner quelqu'un qui se chargerait de m'expliquer les techniques de défense. J'ai lutté contre le sommeil et mes réflexions toutes plus contradictoires les unes que les autres pour au final choisir la pire option.

Je veux savoir la vérité sur les Perez et pourquoi je suis liée d'une certaine manière à eux. Voilà pourquoi je me retrouve si tôt dans une voiture avec le mec que je déteste le plus au monde. Même si mes gardes du corps ont visiblement confiance en lui pour me laisser en sa compagnie, je n'arrive pas à me sentir à l'aise. Je sais qu'il s'en veut, enfin, j'essaie de me convaincre qu'il s'en veut vraiment, qu'il tient assez à moi pour vouloir m'apprendre à me défendre et connaître la vérité même si ça doit le mettre lui en danger. Il a aidé les Perez à me sortir de l'enfer des Miller quitte à se faire prendre. Il m'a tout avoué, il m'a dit être amoureux ...

Et pourtant, la rage qui brûle en moi lui est toujours adressée.

À moins que ce ne soit contre moi ?

Peu importe, je suis sûre que cette colère m'aidera à me sortir de là. Et s'il m'apprend à cogner là où ça fait mal ... Ma foi, je pourrais avoir ma vengeance.

- Où allons-nous ? Je demande en le prenant en flagrant délit de reluquage.

Il détourne vivement le regard vers la route, ses joues rosissent légèrement. Ça ne dure que quelques secondes avant que l'homme sûr de lui reprenne place. Même si ses mains agrippent le volant si fort que ses phalanges deviennent blanches, son aura et ses épaules larges emplissent l'habitacle. Quelques mèches de ses cheveux clairs lui retombent sur le front, ses yeux n'expriment rien, à part de la détermination. Je me rends compte que je l'observe un peu trop attentivement quand je remarque qu'avant de parler, il humidifie ses lèvres pleines de la langue.