Chapitre 19.5 : Retour au bercail.

1.9K 44 9
                                    

- Oh ma chérie, que je suis contente de te voir !

Ma mère me sert fort dans ses bras à peine ai-je passé les portes de l'aéroport. Elle a les larmes aux yeux et son émotion s'entend dans les tremblements de sa voix.

- Maman ... dis-je difficilement. Tu m'étouffes.

- Pardon mon ange, elle s'éloigne de moi, mais en attrape désormais mes joues dans ses mains. Tu ne peux pas savoir comme tu m'as manqué.

Je ne lui réponds pas. Pas qu'elle ne m'ait pas manqué également, mais les effusions de joie envers ma mère n'ont jamais été de la partie. J'étais davantage une fille à papa, toujours collé à ses basques quand il était là.

Pendant les deux heures de route jusqu'au "bercail", comme elle aime appeler la maison familiale, elle n'arrête pas de piailler comme une gamine en manque d'attention. Tiens... je suis sûre qu'elle s'entendrait bien avec une certaine tornade ... Elle me raconte tous les exploits de mes grands-parents qui sont toujours en forme malgré leur âge avancé ainsi que les potins de voisins.

- Cette vieille mégère de madame Fitz ! à chaque fois qu'elle passe devant la maison avec son caniche de compétition, elle en profite pour le faire pisser sur mes fleurs ! Tu m'étonnes qu'elles soient toutes fanées, alors que j'y prends le plus grand soin ! Je lui ai déjà dit d'aller se faire cuire un œuf dans la pelouse d'en face, mais apparemment son clébard est trop précieux pour faire ses besoins sur un simple tronc d'arbre ! il préfère mes pétunias.

Je rigole facilement, il n'y a pas à dire, Alice Lecomte sait mettre l'ambiance ! C'est ce qui plaisait à mon père, qu'elle ne s'arrête jamais de parler. Une vraie pile sur pattes ! Pourtant, pendant des années, quand la puberté a commencé à me rendre plus aigrie, je ne supportais plus toute cette bonne humeur, toutes ces paroles incessantes. J'aspirais au calme ... Et c'est quand j'y ai finalement eu le droit, à la mort de mon père, que je me suis rendu compte à quel point j'aimais l'entendre déblatérer toutes ces choses futiles. C'était le signe de son bien-être. Alors, je suis heureuse de pouvoir l'entendre à nouveau jacasser.

Je lui raconte à mon tour ma vie aux États-Unis. Enfin, "raconter" est un bien grand mot. Je lui parle seulement de mes amis, des cours et des activités extra-scolaires. Je ne m'attarde pas sur des futilités, telles que le psychopathe qui m'appelle Evie Perez, ou encore du dossier qu'il possède sur moi sous peine de la faire flipper à mort. Elle serait capable de m'empêcher d'y retourner en me séquestrant dans ma chambre, telle une ado privée de dessert.

À vrai dire, il ne m'était plus vraiment revenu en tête depuis quelque temps. Je n'ai plus rien vu d'anormal, je ne me suis plus sentie menacée ou suivie, alors je me suis faite à l'idée que ce ... psychopathe porte bien son surnom. Bien sûr, je me méfie toujours un peu, mais j'ai baissé ma garde. Un grand châtain a pris la relève pour divertir mon esprit, et ce n'est pas plus mal.

D'ailleurs, je lui envoie un message, ainsi qu'à mes autres amis pour les prévenir que je suis entre de bonnes mains. Ils ne le verront pas de suite étant donné qu'à Minneapolis, il est actuellement quatre heures du matin.

Pour le moment, la différence horaire n'a pas fait son effet sur moi. J'ai peu dormi dans l'avion, mais l'euphorie des premières heures en compagnie de ma mère, en plus d'un vrai repas français et de vrai fromage quand nous arrivons à la maison, ont bien contribué à me tenir éveillée.

Mais quand vient le contrecoup de la digestion, suivi d'un téléfilm de Noël, comme au bon vieux temps, je ne peux empêcher mes yeux de piquer.

- Je vais me balader ! annoncé-je d'une voix forte pour obliger mon cerveau à se remettre en route.

A STEP LATEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant