Chapitre 25.5 : Explications & proposition

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Assise à la table à manger, j'attends des explications qui tiennent la route. Depuis cinq longues minutes, aucun mot n'est sorti de la bouche de Kyle, nous ne faisons que nous regarder en chien de faillance.

Je ne sais pas trop ce qu'il attend. Il lui manque sûrement du courage. Le courage de mettre les mots sur ses actes ignobles qui m'ont transformé à jamais. Les sentiments que je ressens sont contradictoires, je suis à la fois pressé de connaître la vérité et en même temps, je la crains. Ce qu'il ne va pas tarder à me dire va tout changer, en bien ou en mal. À vrai dire, je ne sais pas ce que je veux ; lui en vouloir, comme jusqu'à présent, le détester et même le haïr était facile. Il est celui contre qui je déverse ma colère depuis des semaines, alors j'ai peur. Peur que ses mots puissent me retourner le cerveau et que l'équilibre si précaire et pourtant si rassurant que j'avais réussi à construire s'effondre pour de bon.

Je mords la peau du pouce tout en le fusillant du regard. J'ai envie de lui hurler dessus pour qu'il parle enfin, qu'il me dise enfin la vérité — si tant est que ce ne soit encore une ruse pour me faire tomber dans ses filets — et qu'il me parle de sa proposition.

De son côté de la table, il est clairement visible qu'il n'est pas à son aise. Sa carrure athlétique est crispée, ses mains alternent entre ses cheveux châtains et ses genoux et dès que je le fixe un peu trop intensément, il fuit mon regard, ce qui me donne, je dois l'avouer, une certaine satisfaction ...

Quand je ne tiens plus et que j'ouvre la bouche pour lui dire d'ouvrir sa grande gueule de traître, il plante ses yeux glaçants dans les miens et cette fois, ne me lâche pas.

- Je ne crois pas qu'il y ait de meilleures façons de te dire ce que j'ai à te dire. Alors, voilà Evie je suis désolé.

Je m'esclaffe de rire. Un rire franc et bruyant. C'est nerveux. Je n'arrive même pas à m'arrêter en voyant sa tête d'étonné. Il est pris de court par ma réaction et reste coi, la bouche entrouverte, les yeux écarquillés.

- Désolé ! Tu es ... Désolé ! Je dis en continuant de rire comme un clown. Tu as mis dix minutes pour trouver les mots et me dire que tu es désolé !

Mes éclats remplissent la pièce d'amertume. Je n'en reviens pas. Tout ça pour ça.

D'un coup, je me calme. La pression est redescendue bien trop rapidement et j'ai envie de pleurer. Pour éviter de perdre la face, je me lève.

- Si tu n'as pas mieux à me dire, je m'en vais.

J'esquisse un pas, cependant il se lève également si rapidement que ça me stoppe dans ma lancée.

- Putain Evie, oui, je suis désolé ! Il me crie presque dessus. Désolé d'avoir été un tel connard avec toi. Je .. Ne voulais pas. Enfin si ... Mais seulement au début. Après j'ai appris à te connaitre et je ne voulais plus ...

Sa voix se casse au fur et à mesure de ses paroles. Je l'écoute, mais n'entend rien à part un baragouinage incompréhensible. Il n'est pas clair, il bégaye, cherche ses mots, comme s'il voulait tout me dire, mais qu'un filtre l'en empêchait.

- Je ... J'ai cherché à les en empêcher. Je ne voulais pas tout leur raconter. Evie bordel...

Il souffle ces derniers mots, un rictus de souffrance lui barrant le visage.

- Je savais que ce n'était pas une bonne idée, mais je n'avais pas le choix... Je ne l'ai toujours pas et pourtant je suis là, toujours auprès de toi.

- Que cherches-tu à me dire Kyle ? Je ne comprends rien !

Ses yeux cherchent les miens et quand il les trouve, j'ai l'impression que tout ce qui le rongeait disparaît.

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