A STEP LATER

Chapitre XX : Cicatrices du passé

Joyeux Noël ! Puisse le sort vous être favorable ...

Ah non ? C'est pas ça qu'on dit ?

Pourtant, j'ai bien l'impression qu'aujourd'hui va être une sacrée épreuve ...

Quand j'étais plus jeune, j'adorais Noël. C'était même ma période préférée. Je passais mes vacances à boire des chocolats chauds devant des films de Noël, jouer à des jeux de société avec mes parents, passer du temps dehors dans la neige avec Myriam... Les regroupements en famille me revigoraient. Ils nous rejoignaient tous, et j'adorais ça. D'autant plus que je suis la seule enfant, car mon oncle et mes tantes n'en ont jamais eu, alors j'étais plus que gâtée.

Mais aujourd'hui, je ne peux sortir de mon lit sans me dire que je ne pourrais profiter de ce réveillon.

Toute ma famille se réunit ce soir. Moins un.

C'est la première année que je fête noël sans mon père. L'année dernière, à peine plus d'un mois après sa mort, nous n'en avions pas le cœur.

D'autant plus que la nuit qui vient de passer rentre dans mon top 10 des pires nuits vécues. Je n'ai presque pas fermé l'œil. Mon cerveau n'a cessé de chercher une explication plausible à cette découverte.

Et si la date indiquée n'était pas la bonne ?

Tout de même ... S'ils voulaient me cacher quelque chose d'aussi gros, ils n'auraient pas laissé un indice aussi stupide ?!

Surtout que c'est ma mère elle-même qui a sorti ces photos, elle n'aurait pas pu dévoiler son secret si bêtement.

J'ai arpenté tous les albums de famille, encore et encore, à la recherche d'un petit ventre arrondi ... en vain. Aucune photo de moi à a maternité, aucun bracelet de naissance. Rien.

À dix heures, après avoir essayé mainte et mainte fois de fermer les yeux, je me fais une évidence. Le repos, ce n'est pas pour aujourd'hui. Je me force donc à me lever du lit. J'ai l'impression d'avoir les jambes lourdes alors que je descends les escaliers.

Quand j'arrive dans la cuisine, ma mère est déjà présente, une musique dansante en fond. Elle s'est levée tôt pour commencer à préparer le repas de ce soir et malgré ça, elle est de bonne humeur. Malheureusement, son enthousiasme n'est pas communicatif.

- Tu bois du café toi maintenant ?

Je grogne pour une réponse incompréhensible, sauf pour ma mère. Non, je ne bois toujours pas de café, je trouve le goût horrible. Mais ce matin est une exception. Je compte sur cette boisson pour me donner un coup de booste.

- J'en connais une qui s'est levé du mauvais pied !

Elle continue ce qui ressemble à des toasts au saumon. Leur vue me donne des hauts le cœur, si bien que j'emporte l'élixir de réveil, dans le salon.

- C'est ça de se coucher tard ! elle lance depuis la cuisine. Je t'ai entendu parler au téléphone avant de m'endormir.

Ça ne m'inquiète pas vraiment. Elle n'est pas très douée en anglais. C'est mon père, qui est originaire de Manchester, qui me l'a enseigné dès mon plus jeune âge. C'est pour ça que j'ai autant de facilité avec cette langue. Parfois, quand on voulait discuter sans que ma mère ne comprenne ce que nous disions, l'anglais était le meilleur des messages codés !

Je grimace lorsque la boisson amère descend dans ma gorge. Même après quatre sucres en plus, ça reste dégueulasse... Je mets presque une heure à le boire devant les dessins animés, puis je décide de prendre une bonne douche pour me réveiller.