Chapitre 21.5 : Blessures du futur

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Le bruit sourd de ses pas qui s'éloignent me donne l'impression qu'un poids se libère à l'intérieur de moi.

L'impression seulement.

Je reste planté dans la position dans laquelle il m'a laissé pendant un temps indéterminé. Ça pourrait être des secondes, comme des minutes, durant lesquelles je ne fais rien d'autre que d'observer, le dos crispé, la porte d'entrée de ma cellule de fortune.

Quand je n'entends plus un bruit, mes épaules s'affaissent et mon cerveau se remet en marche.

Bordel, c'était quoi ça ?

Un mal de crâne insoutenable vient me chatouiller l'esprit dont le brouillard se dissipe peu à peu. Je passe ma main dans mes cheveux et quand un liquide poisseux rouge vient colorer mes doigts, un mélange de peur, de douleur et de colère me fait trembler.

Je tremble, comme une feuille qui ne peut s'arrêter d'osciller à moins qu'elle lâche prise et que le vent ne l'emporte. Sauf que je ne peux me permettre d'abandonner. Ça causerait ma perte, or, je suis encore capable de me battre.

Petit à petit, j'ordonne à mes muscles de se mouvoir. Je passe outre les courbatures et m'oblige à tourner la tête. Mes jambes suivent le mouvement avec difficulté. Lentement, je tourne autour de moi-même pour observer l'intégralité de ma prison.

Quelle surprise de découvrir que la chaise n'est pas l'unique meuble mis à ma disposition. Devant moi, juste en face de la porte, se trouve un lit. Celui-ci ne m'a pas l'air d'être d'une propreté irréprochable. Des ressorts rouillés s'échappent du sommier brinquebalant, la couverture m'a l'air faite de toile de verre et est parsemée de nombreux trous.

Une grimace m'échappe ainsi qu'un sentiment de dégoût. Il est hors de question que je ne pose ne serait-ce qu'une fesse sur cette chose qui a dû voir passer des situations pires que la mienne. J'ose à peine imaginer toutes les horreurs qui ont été faites dans cette "chambre".

À côté du lit s'y trouve un pot.

C'est tout.

La réalité de ma situation me frappe de plein fouet. L'adrénaline étant descendue aussi vite qu'elle est arrivée, une vague de froid vient frigorifier chaque vaisseau sanguin, chaque terminaison nerveuse.

Un rire sans joie franchit mes lèvres.

Comment j'ai fait pour en arriver jusque-là ?

Ma vie n'est qu'un enchaînement de situations les unes plus rocambolesques que les autres. Me voilà aujourd'hui, enfermé dans, je ne sais quel bâtiment qui grouille de cafards (oui, oui, je crois bien avoir aperçu quelque chose bouger dans le coin), dans, je ne sais quelle ville, état ou pays. Mes ravisseurs me prennent visiblement pour quelqu'un que je ne suis pas et qui plus est lié à des affaires de clan.

Un clan merde !

Cette fois, je ne peux retenir un vrai rire en comprenant que je suis réellement dans la bouse jusqu'au cou.

Si Cassie était dans ma situation, elle saurait à coup sûr quoi faire. Elle m'a déjà fait le résumé de quelques-uns de ses livres ou la protagoniste badasse se retrouve dans une situation plus ou moins similaire à la mienne. J'aurais dû écouter ses conseils et lire ce putain de parpaing de six-cent pages, peut-être que je m'en serais mieux sortit qu'en ce moment.

Sans m'arrêter de rigoler, des larmes viennent également inonder mes joues. Je laisse mon corps se recroqueviller sur lui-même au sol, mes bras entourant avec possessivité mes genoux, mon dos se balançant d'avant en arrière.

Je ne peux compter que sur moi-même. Alors, je prends le temps de me vider de toutes les larmes que mon corps à emmagasiner en déplorant la situation pitoyable dans laquelle j'ai atterri. Quelques minutes plus tard, mes pensées sont plus claires. Je m'oblige à arrêter de m'apitoyer sur mon sort, relève la tête et me met sur mes pieds.

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