Chapitre XIV : Randonnée

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- T'es sûre que tu veux venir ?

- Ouai, ça me fera du bien de ne pas penser à ce que ma mère m'a avoué.
Il est quatre heures du matin, je n'ai pas dormi de la nuit. Les événements d'il y a quelques heures sont encore trop frais dans ma tête.

Quelques heures plus tôt :

- Ce n'était pas un accident ... Ton père est mort car quelqu'un l'a assassiné.

...
- Pa... Pardon ?

Elle ne répond pas.

Je crois que je n'ai pas bien compris.

- Maman ... S'il te plaît, dis-je la voix tremblante. Dis-moi que j'ai mal entendu.

Nouveau blanc.

Je réalise.

C'est pas vrai ...

Pourquoi le sol est-il si froid ? La sensation du parquet sur ma joue me fait l'effet d'un électrochoc.

Sans m'en rendre compte, je me suis écroulé à terre. Mes jambes m'ont lâchées et j'ai l'impression que mon cœur va exploser. Je ne suis plus en capacité de faire le moindre mouvement, comme tétanisée par des sentiments que je ne connais que trop bien. La terreur, l'impuissance, la tristesse infinie. Pourtant, impossible d'extérioriser. La douleur est interne.

C'est presque pire.

Quelqu'un a assassiné mon père.

Les minutes passent, mais je ne les vois pas défiler. Toujours dans la même position, j'observe.
Je devrais faire le ménage sous mon lit. Je ne savais pas que j'avais accumulé autant de bordel là dessous. En plus de ça, la poussière mélangée à mes cheveux s'y est accumulée laissant comme des nuages de saleté s'accrocher à tout ce qui traine. C'est dégueulasse.

Oh, tiens. J'ai retrouvé le livre que Cassie m'a prêté et que j'avais perdu. Je n'osais pas lui avouer, mais elle va bien voir qu'il est abîmé. Il ne faut rien me prêter, je ne suis pas digne de confiance pour garder les affaires des autres en bon état. Comme mon cœur. Impossible qu'il redevienne aussi lisse et sans défaut qu'il y a quelques années. Aujourd'hui, il est tout cabossé et plein de cicatrices.

- EVIE !!!!

Cassie !

- Evie !  Evie !!

Elle me caresse le bras.

Ou alors elle me secoue ? Je ne sais pas ... En tout cas, elle est là et c'est le principal.

Ma meilleure amie.

Mon binôme.

Bien qu'infime, sa présence me réchauffe le cœur, laissant mes lèvres s'étendre dans un sourire béat.

Je ne vois que ses jambes qui s'accroupissent juste à côté de moi.

- Oh bordel, t'es pas morte. Tu peux bouger ? Bouge pour moi tu veux ? Regarde-moi !

Pourquoi elle s'agite ? Personne n'est mort.

Pas comme mon père.

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