Chapitre 20.5 : Cicatrices du passé

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"DOSSIER D'ADOPTION"

C'est bien ce qui est écrit en gros sur la première page de ce porte-document.

Mon cerveau est à la fois en mode "off" et en ébullition, si bien qu'il ne donne aucune indication au reste de mon corps, qui reste figé devant ce bureau.

Tu le savais.

C'est ce que je me dis pour éviter de pleurer.

Tu t'en doutais.

Les signes ne trompent pas. Tous les indices que j'ai accumulés depuis quelques mois et plus particulièrement depuis que je suis rentré en France, forment désormais le puzzle complet.

"Tu vas bien comprendre qu'A + B n'est pas égale à C."

Les paroles du psychopathe du hangar abandonné me reviennent en tête. Lui aussi sait quelque chose.

" Perez"

Et visiblement. Il a un train d'avance sur moi.

Pourquoi ce nom ?

Qui est ce "Perez" ? Car il est clair que ce n'est pas moi.

Soudain, j'ai la nausée. Ma vie est un mensonge bien ficelé. Essayer de découvrir la vérité m'épuise.

Mes parents ne sont pas mes vrais parents.

NON !

Ça, je ne peux l'accepter.

Mes parents m'ont élevé depuis toujours ... enfin depuis mes deux mois d'après ce qui est écrit dans ce dossier. Ils m'ont aimé, m'ont appris tellement de choses, m'ont offert une vie digne de ce nom. Je ne peux donc pas consciemment dire que mes parents ne le sont pas.

Anthony était mon papa.

Alice est ma maman.

Et ça ne change rien pour moi de me dire que je ne suis pas le fruit biologique de leur amour.

Alors pourquoi ?

Il y a forcément une raison pour qu'ils ne m'en aient pas parlé plus tôt. Ils ont peut-être pensé que j'aurais mal réagi ? sûrement. Mais toujours mieux qu'en le découvrant par moi-même.

Bien que le choc soit réel, j'ai eu assez de temps pour me faire à l'idée. Alors... C'est comme si j'osais enfin m'avouer quelque chose que je savais déjà.

Toutefois, un goût amer me caresse la gorge. Une personne a décidé que je n'étais pas assez bien pour faire partie de son existence.

Pauvre reflet de toute ma vie.

Je n'arrive plus à réfléchir correctement. La culpabilité ayant pris le relais, me faisant croire que je n'aurais jamais dû découvrir ça par moi-même. Mes parents avaient sûrement une bonne raison de ne pas l'avouer. J'ai fouillé dans le bureau à mon père, ai profané son sanctuaire. Je me suis fâché contre ma mère qui n'a rien demandé à part passer des vacances heureuses avec sa fille.

Et j'ai tout gâché.

Encore une fois.

J'aurais dû attendre.

Je ne peux pas le dire à ma mère. Il faut que je lui laisse l'occasion de m'en parler elle-même.

D'un geste brusque, je range rapidement tout ce que j'ai sorti des tiroirs. Remet le double-fond, mais garde précieusement entre les mains le dossier à mon nom.

J'éteins la lumière avant de sortir du bureau sans un regard en arrière, puis remets discrètement les clés là où je les ai trouvées. Maman n'a pas bougé d'un centimètre malgré les deux heures qui viennent de passer.

A STEP LATEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant