Chapitre XVII : Un pas.

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/!\ TW : Pensées suicidaires. /!\

EVIE

Le temps n'est pas au beau fixe. Je me demande même si quelqu'un là-haut n'a pas décidé de mettre des nuages, juste pour mettre en évidence mon humeur.

J'aurais dû prendre autre chose que ma petite veste en cuir ... tant pis. L'air glacial me fouette le visage et me pique les yeux, mais au moins, j'ai l'impression que ça permet d'atténuer ma douleur intérieure. De l'anesthésier.

Le soleil se lève à peine, mais je ne l'aperçois pas. Seule la grisaille qui devient de plus en plus lumineuse m'indique qu'il est encore très tôt et que la ville n'est pas encore réveillée. Quelques passants déambulent dans les rues, mais eux ont l'air d'avoir un but précis. Ils vont au travail, se cherchent un café... J'imagine même que ce monsieur qui sort en trombe d'une maison doit être l'amant de la propriétaire et qu'il est temps de rentrer chez lui après une nuit torride.

Mais moi ? Qu'est-ce que je fais ?

Que suis-je censé faire ?

Je n'ai pas de but. Je marche juste.

Je marche pour essayer de faire disparaitre le poids dans ma poitrine. Je marche pour essayer de mettre de l'ordre dans mes pensées.

Une menace plane sur ma tête. Je ne devrais pas me balader comme si de rien n'était. L'homme que j'ai vu il y a quelques jours est surement dans les parages, en train d'épier mes moindres mouvements et de les consigner dans son précieux dossier à mon nom. Mais peu importe. Aujourd'hui n'est pas une journée pour moi. Je ne dois pas mettre mes propres peurs et état d'âme en avant. C'est vers mon papa que toutes mes pensées sont tournées. Je dois lui rendre hommage.

Mon papa.

Mon père.

Anthony.

Les souvenirs affluent à mesure que je marche. Le quartier que je traverse me fait penser à celui de mes grands-parents. Celui où il a passé son enfance. Celui-là même où j'ai fait de la balançoire pendant des heures et qu'il se tenait juste derrière moi pour me pousser le plus haut possible. Ma mère fessait une syncope à chaque fois, elle avait peur que je tombe à pleine vitesse. Mais je n'avais pas peur, je savais que mon papa était toujours derrière moi et me protègerais quoi qu'il arrive.

Le jour où ... il a appris ce que m'avait fait mon coach... Mon Dieu, je me souviendrai toute ma vie de son regard. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Je n'avais jamais vu autant de haine dans ses yeux. Évidemment, elle ne m'était pas adressée... Et après avoir déversé toute sa colère en détruisant le salon, il s'est mis à pleurer. Il n'arrêtait pas de s'excuser, de dire qu'il était désolé de ne pas avoir été un assez bon père pour moi, car il avait laissé passer ça. Mais il a toujours été le meilleur pour moi. C'était mon meilleur ami, mon confident... C'est en grande partie grâce à lui que j'ai réussi à remonter la pente vers des horizons plus joyeux.

Je ne dis pas que je n'aime pas autant ma mère que mon père, mais nous avions une connexion particulière. Il me comprenait mieux qu'elle. Ça a toujours été assez conflictuel entre elle et moi, et mon père était un médiateur, il permettait de garder notre famille soudée.

Alors à sa mort, les choses ont changé. Nous nous sommes éloignées ma mère et moi. Je savais qu'elle aurait voulu le contraire, qu'on se rapproche, qu'on soit là l'une pour l'autre dans ce moment difficile. Mais je n'ai pas réussi. La voire triste tous les jours me rendait encore plus distante. J'étais moi-même dans le déni, je ne voulais pas croire ce qui était arrivé, alors je ne voulais pas rester auprès d'elle pour me rendre compte que c'était bel et bien réel.

A STEP LATEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant