Chapitre 23.5 : Ne pars pas.

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EVIE

Le brouillard est à perte de vue. Je ne vois rien d'autre à part cette épaisse brume blanche qui vole. Elle semble vouloir me donner la direction, car les volutes dansent tout autour de moi, alors je la suis.

Je suis à présent sur les marches de l'université. Le temps est au beau fixe, les arbres en fleur et des étudiants grouillent de partout. Un sentiment de bien-être m'envahit, ici, je suis à ma place, je le sens. J'ai des amis géniaux, mes cours me plaisent, la vie est joyeuse et pleine de surprises.

Alors, je monte ces marches d'un pas déterminé. De toute façon, que pourrait-il m'arriver ?

Je me retrouve au sol. Mes genoux me font mal, mes mains sont écorchées à cause de la rugosité du béton. Je mets quelques secondes à reprendre mes esprits, mais quand j'y arrive, tout mon environnement me paraît gris et froid. Je frissonne quand je relève la tête et aperçois ses yeux d'un bleu glacial... à la fois familier et étranger, je n'arrive pas à le déchiffrer. C'est lui qui m'a poussé, je ne peux empêcher ma poitrine de se serrer en comprenant qu'il ne viendra pas s'excuser.

Le brouillard m'enveloppe de nouveau avant de me changer d'endroit. Je suis avec lui. Cette fois, ses yeux sont rieurs et bienveillants. J'ai l'impression de la connaître depuis toujours lorsqu'il soulève mon menton pour déposer un chaste baiser sur mes lèvres, ce qui me donne des frissons dans tout le corps. Quand je rouvre les yeux, son visage s'est transformé. Devenu froid et distant, je comprends que je me suis fait avoir par de belles paroles m'offrant ce que je cherche depuis toujours : une promesse de bonheur à ses côtés.

Pourtant, lorsque le brouillard me déplace dans cette chambre, sur ce lit, j'ai tout oublié. Ses mains et sa bouche me procurent un divin plaisir dont lui seul a le secret. J'halète, prise dans en étau par l'extase que ses mots doux me fournissent. "Tu es mienne", il me chuchote, "jamais je ne pourrais me passer de toi", "fais-moi confiance". Alors, c'est ce que je fais. Je lui donne tout. Mon cœur, mon corps, mon âme.

Les lieux défilent, tous plus beaux les uns que les autres. Sa compagnie me comble de joie. Pourtant, lorsque j'arrive dans cette pièce froide et humide, je ne comprends plus rien. Tout était si beau, si parfait ... Mes mains sont attachées derrière mon dos. Deux autres personnes que je ne connais pas sont en face de moi. J'ai peur. Et pourtant, quand son visage apparaît, je me sens mieux. Il va m'aider à me sortir de là.

C'est ce qu'il fait. D'un geste de sa part, je suis libre, marchant devant lui, je souris à ces deux monstres qui voulaient me faire du mal. Tant que je serais avec lui, je serais en sécurité.

Enfin, c'est ce que je pensais avant de sentir une lame transpercer mon dos. Je titube et tombe la tête la première. J'essaie de bouger pour tenter d'apercevoir qui m'a fait ça. Malgré les larmes brouillant ma vue, je distingue sans mal ce bleu si précieux.

Oui. C'est bien lui qui m'a poignardé. Il était mon tout, et maintenant, je ne suis plus rien. Je n'aurais pas dû lui faire confiance, alors je me promets que dans une autre vie - car celle-ci est déjà finie - je ne ferais plus jamais les mêmes erreurs.



Je me réveille en sursaut, le cœur battant à vive allure. La lumière blanche m'aveugle, si bien que je ne distingue pas où je me trouve.

Est-ce que je suis morte ? Est-ce ça, le paradis pour lequel on nous dit de croire ?

J'observe mon corps groggy. Je suis allongée sur un matelas confortable. Un drap blanc sur mes jambes et une chemise bleutée recouvre mon torse. Je passe une main tremblante sur le bras opposé. Celui-ci est transpercé par une aiguille reliant une poche de liquide transparent.

A STEP LATEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant