Chapitre IV : Demande risquée

2.2K 50 40
                                    

/ ! \ TW : Viol 

Assise sur mon lit, j'ai étalé devant moi tous les flyers qu'on m'a distribués cet après-midi sans m'y intéresser.

Maintenant qu'ils sont devant moi, je vois tout ce que j'ai récolté : différents clubs, de danse, de lecture, d'écriture, de poker, ... Il y a même une association qui recueille les chats errants sur le campus pour les stériliser et prendre soin d'eux. Il en faut pour tous les goûts.

Je passe mes mains sur le tas de papier, et en trouve d'autres cachés dessous dont le club de gym. Cette vision me donne des frissons. Et la nausée. Et me rend aussi triste.

Je sens des larmes couler sur mes joues avant de rejoindre ces bouts de papier colorés, les tachant. Il me suffit d'une piqûre de rappel pour que je m'effondre. Je suis faible...

JE

SUIS

FAIBLE.

J'ai fais de la gym pendant des années. Mes parents m'ont inscrite dès que j'ai su marcher dans le club de baby gym de la ville de campagne où nous avons vécu. Mon père m'a toujours dit que lorsque j'avais deux ans et qu'on regardait la gym aux jeux olympiques et qu'il avait le malheur de changer de sport, je me mettais à hurler jusqu'à ce qu'il remette la bonne discipline.

C'est comme ça que j'ai commencé. Puis c'est devenu ma passion. Et celle de Myriam aussi. C'était la meilleure chose que j'ai eue de ma vie.

Et la pire aussi.

Pour autant que je sache, j'ai toujours fait de la compétition et j'ai toujours excellé dans toutes les disciplines : Au sol, à la poutre, aux barres asymétriques ou parallèles, au trampoline. J'étais doué.

Si douée que toutes ces années d'entraînement m'ont permis de réaliser mon rêve en représentant la France à la coupe du monde junior de gymnastique il y a deux ans.

Mais rien ne s'est passé comme prévu.

En même temps, qui prévoit d'être violé par son entraîneur qui nous connaît depuis des années ? 

Personne.

Ça m'a détruite. Littéralement. Ce connard a abusé de moi tout du long du championnat qui durait dix jours. Et il m'a détruite. Bien évidemment, je n'ai en rien excellé, mes performances étaient misérables.

Mes parents et Myriam ont bien remarqué ce qui n'allait pas. Je leur ai tout raconté. C'était compliqué. Surtout quand j'ai vu la rage de mon père et les pleurs de ma mère.

Maintenant cet entraîneur est en prison. Nous avons porté plainte, j'ai dû expliquer devant des dizaines de personnes ce qu'il m'avait fait. Et aujourd'hui, j'en suis fière. Bien que ce soit encore très compliqué pour moi d'y repenser, je sais que ma parole a permis à d'autres de se libérer. Ce connard ne s'est pas amusé seulement avec moi, il a fait ça à des dizaines de jeunes filles. Il mérite son sort. Qu'il croupisse en prison à vie.

J'ai eu honte. Mon Dieu, qu'est-ce que j'ai eu honte. Je me suis sentie sale. Alors mon anxiété s'est aggravée. Je n'arrivais plus à dormir, car dès que je fermais les yeux, je le voyais lui. J'ai arrêté la gym du jour au lendemain. Je ne mangeais quasiment plus et je me suis laissé entraîner petit à petit vers le fond.

Je voyais une psy, qui m'a beaucoup aidé pendant les deux années suivantes. Jusqu'à ce que j'arrive ici. Grâce à elle et à tout le soutien que j'ai eu de ma famille, j'ai réussi à remonter la pente... et à survivre à la deuxième pire épreuve que j'ai eu à affronter en deux ans.

La mort de mon père. Dans un accident de voiture.

Il est mort, il n'y a pas tout à fait un an. La blessure est encore grande ouverte, je sens mon cœur en miette et je ne sais pas comment est-ce que je fais pour encore savoir respirer. J'ai été lâche, j'ai abandonné ma mère, car je ne pouvais pas supporter de rester un instant de plus dans le pays de mes pires cauchemars. J'avais besoin de changement. De renouveau. Alors, je suis partie. Pour trouver un nouveau cauchemar : Jessie.

A STEP LATEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant