[Partie I] VII - Luca

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Les interventions n'ont pas arrêté, à croire que la veille du week-end, les gens sont moins vigilants. Entre les piétons renversés, les accidents de la route et un début d'incendie dans un appartement, je n'ai pas vu défiler les heures. Heureusement que je passe la soirée chez les Hurst, pour fêter leur quarante ans de mariage, je vais ainsi pouvoir décompresser avec ceux que je considère comme ma famille.

Pourtant, en découvrant qui j'étais, ils auraient pu me tourner le dos. Et même si j'avais réussi, jusque-là, à tenir la promesse faite à mon père de ne pas révéler que j'étais son fils, il m'aurait été difficile de le cacher à une famille de flics.

Avec eux, j'ai la sensation de retrouver la famille qui m'a fait défaut, durant de trop nombreuses années. Les questions sur ma filiation sont venues lors d'un déjeuner, quelques mois après avoir fait connaissance avec Ethan. En discutant, mon patronyme est venu dans la conversation et au regard de Steeve, j'ai compris qu'il savait qui j'étais. C'est un nom qui apparaissait régulièrement sur son bureau, et pas pour des vols à la tire. En bon parrain de la mafia, il règne sur les ventes d'armes et d'héroïnes dans le quartier de Manhattan, et se partage Staten Island et le Bronx avec les deux autres familles.

J'ai été honnête avec cette famille qui m'accueillait comme un membre à part entière. J'ai reconnu être le fils d'Enrico Torrio. Mais je les ai tout de suite rassurés, en leur disant que je n'avais plus aucun contact avec lui depuis le jour de mes dix-huit ans, jour où il pensait naïvement que j'allais le suivre dans sa folie mafieuse. J'ai grandi dans cet univers, mais je n'y suis jamais senti à ma place. Peut-être que tout aurait pu être différent si ma sœur était restée auprès de moi ?

Valentina. Est-ce qu'un jour je pourrai penser à toi, sans que mon cœur se serre ? Je n'ai réussi qu'à garder une seule photo de toi, celle qui a été prise quelques jours avant que tu ne me sois arrachée. Je la garde tel un trésor dans mon portefeuille avec ton cadeau.

Ma sœur.

Mais pas sa fille.

Les yeux fermés et les mains appuyées contre le carrelage de la douche de notre salle de bain, je laisse l'eau détendre mes muscles. Si seulement celle-ci pouvait aussi emporter mes pensées loin d'ici ! Je rouvre les yeux en sentant deux mains glisser sur mes hanches, puis le corps de Sara se coller contre mon dos, avant que ses paumes remontent sur mon torse, me faisant frissonner malgré la chaleur de l'eau. Elle se serre un peu plus contre moi.

— Tu parais bien soucieux ce soir. Tu vas bien ? me demande-t-elle en posant ses lèvres entre mes omoplates.

— Dure journée. Et toi, comment te sens-tu ?

— Très bien. La journée a été assez calme chez nous.

Je me redresse légèrement et prends ses mains dans les miennes. Sara est ce qui m'est arrivée de mieux depuis que j'ai quitté mon père. Nous nous sommes connus il y a sept ans, quand elle était venue faire un stage dans la caserne où j'étais affecté à l'époque. On a tout de suite sympathisé, elle avait dix-neuf ans et j'en avais vingt-et-un. Aucun de nous ne cherchait de relation, nous profitions juste de notre temps libre pour sortir boire un verre ou se faire un ciné. Et lorsque son stage s'est terminé, elle est repartie à Boston, dans sa famille. Nous sommes restés en contact, comme les deux amis que nous étions.

C'est à cette période que j'ai rencontré Ethan, dans la salle de sport à proximité de la caserne et nous sommes vite devenus inséparables. Nos conversations nous ont amené à parler de filles, lui était en couple avec Ellen, et moi je me lamentais d'avoir perdu Sara. Pas en tant que flirt, c'était l'amie qui me manquait. Mais au fil de nos discussions, il m'a fait comprendre que j'étais amoureux d'elle. Mais malheureusement pour moi, il n'était pas prévu qu'elle revienne à New York. Je devais donc me faire une raison.

La vengeance de ValentinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant