[Partie I] IX - Luca

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— 25, 26, 27. Allez les gars, on ne lâche rien ! 29, 30. Encore 10 !

Putain, j'ai les bras en feu ! C'est la troisième série de pompes en quarante minutes. Alors, je sais que nous sommes connus pour avoir une excellente endurance, mais quand la nuit précédente tu n'as quasiment pas dormi, ton endurance ne te sert à rien. Merde, je ne suis pas un surhomme !

— Torrio, si tu lâches, tu refais une série de trente !

Je serre les dents et tiens comme je peux jusqu'à entendre enfin ma délivrance. Je m'écroule sur le sol dur de la caserne.

— C'est bien les gars ! Allez, à la douche ! Et ensuite, vérification des camions !

Notre capitaine est en pleine forme, lui, ce matin. Le pire, c'est que même avec toute cette fatigue, je ne suis pas sûr de réussir à dormir ce soir. Depuis les révélations de Steeve, vendredi soir, mes nuits sont ponctuées de cauchemars, les images de ma sœur revenant me hanter et se mélangeant au récit de Steeve. L'engueulade avec mon père s'immisce aussi dans ma tête. Résultat, je dors à peine trois heures par nuit, je tiens à la caféine et j'ai une gueule de déterré. Même Sara m'a suggéré de prendre quelques jours et partir à Boston, voir sa famille.

Mais je ne peux pas me le permettre, puisque nous sommes en manque d'effectif cette semaine. Et je veux être là si Alysson découvre quelque chose dans le dossier, dont nous a parlé son père. Pour le moment, elle l'épluche lorsque ses autres enquêtes lui laissent du temps, sa hiérarchie n'était pas aussi pressée qu'elle pour retrouver le coupable. Après tout, ce tueur pyromane les aide à résoudre plusieurs enquêtes, alors pourquoi se dépêcher d'agir ! Alysson m'a juste donné la date de l'incendie afin que je fasse aussi mes recherches dans les archives des pompiers, si j'en ai l'occasion.

Quelques jours avant la mort de ma sœur.

Valentina est morte à Naples le douze mai de la même année, puis son corps a été rapatrié et enterré le vingt mai auprès de notre mère. Ce jour est resté gravé dans ma mémoire. Je n'avais même pas encore douze ans, que je me tenais seul devant le cercueil de celle qui m'avait été arraché des années plus tôt. Mon père n'est pas venu. Tous mes grands-parents sont décédés et notre mère était fille unique. Et les seuls frères et sœurs de mon père étaient morts aussi.

J'étais donc seul, avec la gouvernante qu'avait embauché mon père après le départ de Luisa et Riccardo. Eux, non même pas eu le droit à une sépulture. Juste une plaque dans un cimetière napolitain. Je ne peux pas dire que j'ai éprouvé une grande tristesse en apprenant leur mort. Je n'ai pas de grand souvenir avec eux. Mais ils auraient dû avoir une véritable sépulture.

Quand je suis rentré, après avoir fait mes adieux à ma sœur, mon père n'était pas là, me laissant à nouveau seul. J'ai pleuré ma sœur pendant des jours, sans que je ne puisse compter sur mon père pour me consoler. Il n'a jamais séché mes larmes ou encore pris dans ses bras pour me réconforter avec des mots doux. Je crois que c'est à partir de là, que j'ai décidé de l'ignorer.

— Eh ! Luca ! Quand tu auras fini de rêvasser sous la douche tu viendras nous donner un coup de main !

Stan me sort de mes pensées. Il faut que j'arrête de repenser à tout ça. Je sors de la cabine, attrape une serviette et m'essuie. J'irai sur sa tombe après ma journée. Il y a longtemps que j'y suis allé et je ressens le besoin de lui parler.

Après avoir passé mes fringues, je retrouve les gars dans le garage pour faire le réapprovisionnement des camions et s'assurer que tout est en état de marche. Trousses de secours, outils de désincarcérations, lances, extincteurs... tout y passe. Durant plus d'une heure nous vérifions chaque centimètre carré de nos engins.

La vengeance de ValentinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant