La vengeance de Valentina

[Partie I] X - Ethan

J'adore ces moments ! Beaucoup de mes collègues les détestent, mais pour moi c'est une des meilleures parties de mon taf. Avec les poursuites. Je suis plutôt un homme de terrain, la paperasse et les recherches, très peu pour moi. Alors quand Ryan nous a parlé d'une rencontre dans un entrepôt de la ville où son big boss était convié, nous avons sauté dans notre voiture pour nous rendre à l'adresse fournie. Voilà comment Jason et moi, sommes le cul dans notre bagnole depuis plus de deux heures, à attendre du mouvement.

— Sans déconner, on se fait chier ! Si ça se trouve, ils ne viendront pas.

— Jason, on est ici que depuis deux heures. Laisse-leur le temps de venir.

— Ouais, ben j'ai mal au cul. Alors je vais aller me dégourdir un peu les jambes et aller nous chercher de quoi manger.

— Ok, mais n'oublie pas...

— Discrétion, je sais. Tu crois m'apprendre mon boulot ? dit-il en me jetant un regard noir.

Jason sort de la voiture et part dans la rue. Il n'est pas qu'un simple collègue. C'est aussi un ami. On bosse ensemble depuis déjà trois ans et nous avons tout de suite accroché. On écume parfois les bars ensemble à la recherche d'un coup d'un soir. Célibataire comme moi, il ne cherche pas à se poser pour le moment. Quant à moi, je n'ai plus confiance dans la gent féminine. Alors maintenant, je prends, je baise et je m'en vais.

Elle m'a bousillé en me quittant lâchement il y a deux ans. Je sais que je devrais passer à autre chose, me dire que toutes les femmes ne sont pas comme elle, mais comment refaire confiance, quand celle que j'avais donné a volé en éclat. Non. Maintenant, quand je vois une femme s'intéresser à moi, je vois en elle celle qui m'a brisé. Je me suis retrouvé du jour au lendemain seul dans notre appart, alors que je ne pouvais plus voir ma famille à cause du confinement qui se mettait en place. Je suis passé au bord de la dépression. Heureusement que Jason était là pour me soutenir.

Ces pensées me ramènent vers la dévoreuse de livres. Depuis que mon père nous a raconté son histoire, je ne peux m'empêcher de repenser à elle. Il semble qu'elle ait vécu un véritable enfer dans cette maison. Qui aurait pu le croire ? Je me souviens de cette habitation devant laquelle je passais tous les jours pour aller en cours. Jamais je n'aurai pensé qu'à l'intérieur se jouaient les pires scènes que nous puissions imaginer. J'ai même croisé quelques fois les deux personnes qui vivaient à l'intérieur. Elle, ne semblait pas des plus heureuses, mais qui est-on pour juger du bonheur des gens sur l'apparence ?

Quant à lui, il était de nature plus joyeuse. Je pouvais l'apercevoir parfois dans son jardin le sourire aux lèvres. Et dire que ce porc abusait de cette âme innocente ! Je ne peux qu'imaginer toutes les horreurs qu'ils lui ont fait subir, pour qu'elle en vienne enfin à les tuer, et cela nous montre sa force de caractère. Force que j'avais remarqué lorsque j'allais la voir sur son lit d'hôpital. Elle n'avait aucune visite, à l'exception de ma famille. Mais entre mes parents qui bossaient et ma sœur qui n'était pas souvent là, je suis celui qui a passé le plus de temps avec elle. Lorsqu'elle était dans le coma, mais également par la suite. Je l'ai vu se battre à chaque instant pour vivre alors qu'elle avait choisi une autre fin dans cette maison.

Ensuite, elle est venue s'installer chez nous. Au début, elle ne sortait pas de sa chambre, sauf pour aller aux toilettes ou dans la salle de bain, mais tout en faisant attention à ne croiser personne. Elle ne se nourrissait quasiment pas, au grand désespoir de ma mère. Comme si elle voulait se laisser à nouveau mourir. Mes parents se relayaient à la maison, quand je n'y étais pas, pour qu'il y ait toujours quelqu'un à ses côtés. Enfin pas trop loin d'elle. Et puis, il y a eu la première fugue. Mon père l'a rapidement retrouvé, pas très loin de chez nous. Quelques jours après, je l'ai vu dans le salon, la nuit. C'était la première fois que je la voyais se déplacer naturellement, sans savoir que quelqu'un l'observait derrière la porte. Elle a tout de suite été attirée par la grande bibliothèque.