[Partie II] XIX - Danny

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 Assis derrière mon bureau, au cœur de Brooklyn, j'écoute plus ou moins ce que me racontent mes hommes. Parfois, j'aimerais être loin d'ici. Loin de cette ville et des emmerdes qui s'y accumulent. Je n'ai pas eu le choix, quand mon père est mort il y a bientôt vingt-trois ans ans. J'avais à peine dix-huit ans et je venais de devenir le nouveau parrain de la famille Venizzi. Je croyais, comme le jeune con que j'étais, que ce serait le meilleur job que je pourrais avoir. A la tête d'une des plus grosses familles mafieuses, je pensais que ma vie serait facile. Foutaises ! Et ça mon père ne m'en a jamais parlé. Il ne m'a jamais expliqué que j'aurai à gérer l'ego surdimensionné de certains hommes, les conflits au sujet des nanas qu'ils sautaient et leur facilité à appuyer sur la gâchette quand ils avaient en face d'eux un ennemi.

Je ferme les yeux et essaye de m'évader loin de ce bureau. Mais la voix de Marco, mon bras droit depuis mes premiers pas de parrain, me sort de mes songes.

— Danny, les flics vont finir par nous tomber dessus.

— Ils n'ont aucune preuve.

— Raison de plus pour qu'ils remontent jusqu'à nous.

Il y a encore quelques mois, tout se serait passé sans souci. Elle aurait fait ça proprement et en laissant les preuves nécessaires pour éloigner les flics de notre famille. Mais elle a décidé d'arrêter de bosser pour moi. Je ne lui en veux même pas. Il faut qu'elle se reconstruise loin de toute cette merde. Elle mérite bien mieux que de passer son temps à buter des mecs à ma demande.

— Danny ? Insiste Marco.

— Vous me faites chier ! Dis-je en me relevant brusquement, faisant tomber mon fauteuil. Tony a mal fait son job, qu'il en paye les conséquences. Je l'avais prévenu qu'il n'avait pas le droit à l'erreur. Il pensait être meilleur qu'elle. Voilà ce que c'est quand on a moins de couilles qu'une femme. Faites ce qu'il faut.

Je ramasse mon fauteuil, contourne mon bureau pour récupérer mon manteau et me dirige vers la porte, avant de me tourner vers mes hommes.

— Démerdez-vous sans moi ce soir, j'ai un dîner. Mais je veux un message en fin de soirée pour me dire que le problème est réglé. C'est clair ?

— Très clair, dit Marco en regardant Orso et Angelo, le capo qui a remplacé Fabio.

Je descends les escaliers jusqu'au parking en sous-sol afin de récupérer ma voiture. Je pourrais avoir un chauffeur, mais j'ai toujours préféré conduire moi-même mes voitures. Surtout quand il s'agit de rentrer chez moi. En journée, il m'arrive de faire appel à Karl, le chauffeur de notre famille. Je m'installe derrière le volant et mets le moteur en marche. Pour décompresser, je profite de la fluidité du trafic pour allonger mon retour. J'aime rouler lorsque la nuit commence à tomber dans les rues de la ville. C'est quelque chose qui m'apaise. Après ma balade nocturne, je rentre chez moi, dans le quartier de Brooklyn.

Une fois à l'intérieur de ma maison, je vais dans la cuisine afin de voir si j'ai ce qu'il faut pour préparer des lasagnes. Quand Andréa m'a téléphoné ce midi pour me demander quand j'étais disponible pour un dîner avec notre sœur, je n'ai pas réfléchi et lui ai proposé de passer ce soir. Depuis le temps que nous attendons un geste de sa part, autant ne pas attendre pour se retrouver. Trop peur qu'elle réfléchisse et trouve une excuse pour ne pas venir. Je sors les ingrédients dont j'ai besoin et commence à m'atteler à la préparation de mon plat.

Vers dix-neuf heures, j'entends trois coups à la porte, avant que la porte ne s'ouvre. Mon frère comme à son habitude, entre avant que je ne vienne lui ouvrir. Un jour, il faudra qu'il comprenne que ce n'est pas chez lui, ici ! Etrangement, il me rappelle quelqu'un parfois.

La vengeance de ValentinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant