La vengeance de Valentina

[Partie I] XXIII - Ethan

  Merde ! Valentina est dans mes bras, elle a perdu connaissance. Après la crise de larmes et de cris contre moi, elle s'est effondrée d'un seul coup. J'ai désormais avec moi une poupée de chiffon, bien loin de la tigresse qui se défendait contre moi tout à l'heure.

Elle montrait une telle rage lorsqu'elle cognait. J'avais l'impression qu'elle voulait se libérer de toutes ces années de souffrance qu'elle a vécu. Pas seulement celles de son enfance. Mais aussi celles durant lesquelles elle est restée seule. Loin de celui qui compte sûrement le plus à ses yeux. D'ailleurs je devrais l'appeler pour qu'il vienne me retrouver.

J'attrape mon téléphone dans la poche de mon pantalon et d'une main appelle mon meilleur ami.

— Salut Luca !

— Salut Ethan. Tout va bien ?

— Oui, enfin si on veut, soufflé-je en regardant sa sœur dans mes bras. Est-ce que tu pourrais venir me retrouver à Highbridge Park ?

— Maintenant ?

— Oui, c'est urgent.

— Mais je suis de garde là, je ne peux pas quitter la caserne comme ça !

— Luca... elle est avec moi. Je l'ai retrouvé et je crois qu'elle est en état de choc. Elle a perdu connaissance.

— Tu as retrouvé Valentina ? Putain, j'arrive, envoie-moi ta position.

Il raccroche et je lui envoie rapidement ma position avant de ranger mon téléphone. Mon attention se reporte sur celle qui gît toujours dans mes bras. Ses paupières sont closes, sa respiration calme. Mais j'imagine que dès qu'elle sera à nouveau réveillée, sa fougue va revenir et elle va vouloir déguerpir au plus vite. Mais maintenant que je l'ai retrouvé je ne pourrai plus la laisser fuir sans rien faire. Et Luca encore moins. Dire qu'il y a encore quelques jours je voulais la mettre derrière les barreaux. Je sais qu'elle a commis énormément de crimes. Mais peut-on lui en vouloir ?

Bordel, Ethan, tu es flic !

Oui, mais je suis aussi humain. Et il m'a fallu quelque temps pour m'en souvenir. Et quelques conversations avec mon père également. C'est lui qui m'a en partie ouvert les yeux. Nous avons parlé tous les deux de ce fameux jour où il a sorti Valentina des flammes. De ce qu'il a ressenti lorsqu'il l'a trouvé allongée contre cette porte, le corps en partie brûlé par les flammes qui ravageaient la pièce. Du choc qu'il a eu, lorsqu'il a compris que les corps retrouvés non loin d'elle étaient ses victimes.

Elle avait quatorze ans et venait de tuer de ses propres mains deux adultes. Au fil de l'enquête, il découvrait toutes les horreurs qu'elle avait vécues. La cave où elle avait grandi loin de celui qui l'aimait. Bordel ! Si Alysson n'avait subi que le quart de ce que Valentina a vécu, je voudrais tuer à mains nues les responsables. Cette femme est une combattante. Elle a survécu à ce que l'humanité à fait de pire. Elle s'est construite seule, loin de sa famille. Et loin de tous, si j'ai bien compris la conversation qu'elle a eu avec ce Greg.

Pourtant il semblait vouloir l'aider, et ce depuis de nombreuses années. Elle aurait pu trouver auprès de lui, la main tendue dont elle avait besoin pour revenir dans ce monde. Mais si elle n'a pas voulu de la sienne, sera-t-elle prête à accepter la mienne et celle de son frère ? J'ai l'impression qu'il va nous falloir nous armer de patience avant de lui faire entendre raison.

Lorsque Luca arrive enfin devant moi, il ne peut détacher son regard de la belle endormie contre moi. Il laisse tomber son sac, contenant sûrement de quoi s'assurer qu'elle va bien, avant de tomber à genoux devant moi. Quelques larmes commencent à rouler sur ses joues. Merde, j'espère qu'il ne va pas aussi faire un malaise !