Leyla
Il faisait nuit noire dans les hublots de la chambre de l'avion. Cela faisait quelques minutes que je tentais de trouver le sommeil. Mais c'était impossible. Les mots qu'avait prononcés Felix résonnaient dans ma tête. Pour certains, cela doit être anodin, mais pour moi, c'était tout l'inverse. Je n'avais jamais été autant rassuré qu'à ce moment-là. Il s'était dépêché de revenir pour moi, il s'était souvenu de moi, il avait pensé à moi, il s'était inquiété pour moi. Et mon cœur ne palpitait rien que d'y penser. Il ne m'avait pas repoussé, bien au contraire, il s'était excusé de m'avoir laissé seule. Ses iris, je les voyais toujours, m'observaient. Je sentais encore ses mains sur ma peau, il avait réussi à effacer les événements tragiques de cette soirée pour les remplacer par lui. Il hantait mon esprit et ce n'était pas désagréable.
On était resté en silence, jusqu'à ce que Taylor nous appelle pour nous demander ce que l'on faisait et tout naturellement Felix lui a demandé de monter. On avait empaqueté nos affaires et on était parti pour aller à l'aérodrome. On avait pris un avion différent que la dernière fois. Cette fois-ci, j'étais dans une chambre. Felix était en train de faire un récapitulatif à Taylor. Rosa était bien trop fatiguée et avait dit qu'elle allait partir dormir dans sa cabine. Felix m'avait envoyé dormir en me pointant du doigt la porte de cette chambre, j'étais moi-même bien trop fatigué alors, j'avais exécuté sans broncher. J'avais enlevé ma robe et mes faux cheveux, mon visage avait été savonner. Et je m'étais caché sous les draps blancs du lit. J'étais dos à la porte et face au hublot. La lumière de la lune illuminait la pièce. Pour la première fois de ma vie, je me sentais apaisée. Je ne pouvais pas expliquer pourquoi, mais pour la première fois, j'étais dans mon lit, je n'étais pas triste, pas anxieuse, pas malheureuse, pas stressé, pas soucieuse. J'étais juste apaisé. Et je pense que ça fait depuis longtemps que je ne m'étais pas senti comme ça.
Pendant que je regardais le ciel, la porte, c'était ouverte et refermée. Je m'étais retourné pour le voir me regarder avec ses yeux foncés. Il avait laissé sa tenue pour un bas de pyjama et un t-shirt. Il tenait son téléphone dans la main. Il avait fixé mes yeux. J'avais cette impression qu'il tenait de déchiffrer une quelconque onde négative en moi. Mais ce soir était heureusement bien plus différent que les autres soirs.
— Tu ne dors pas ? Demanda-t-il.
J'ai simplement hoché négativement la tête.
— Tu fais quoi ici ? Le questionnais-je.
— Je dors là. En s'approchant pour se faufilant dans les draps.
Hein ?
— Pourquoi ici ?
— Parce qu'il y a uniquement trois chambres dans cet avion et que je n'allais sûrement pas dormir avec Taylor.
Je me suis contenté de le regarder. Je n'avais plus grand-chose à lui dire et lui non plus, je suppose. Je m'étais contenté de me retourner pour regarder la fenêtre. Je tentais de calmer toutes ses pensées qui chamboulaient ma raison. Sa présence foutait le trouble dans ma tête. Il prenait de plus en plus de place dans mon esprit. À lui tout seul, il faisait naître en moi cette douleur au ventre qui ne me gênait pas plus que les autres, mais me mettait dans un état bien plus différent. Un état auquel je n'avais jamais goûté au paravent.
— Raconte-moi. Résonna sa voix dans la pièce.
Lui raconter quoi ?
Il s'était approché pour coller mon dos à son torse.
— Raconte-moi tout ce qui t'as marqué et que tu ne m'as pas dit, dis-moi ce qui hante ton esprit.
Une bouffée de chaleur envahie mon corps. Sa question m'avait troublé. J'étais perdu. Mes pensées se mélangeaient entre elles. Elles m'engloutissaient. Je ne savais pas quoi faire ni quoi dire, ma raison hurlait à ma conscience de rester sur ses gardes, de ne pas se désarmer et de rester stoïque face à lui. Mais depuis tout ce temps, tous mes moyens avaient été épuisés. J'étais donc impuissante et sans défense. Alors, j'avais décidé de ne plus penser. Et de juste raconter.
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LOS ESPOSOS
Roman d'amourC'était paradoxal lorsqu'on s'en rend compte à quel point l'homme que je devais craindre était en réalité la personne qui me faisait ressentir des choses aussi fortes, me dire que cette personne qui devrait me faire du mal, me tenait dans ses bras i...