Chapitre 14

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On est samedi et je me prépare pour aller chez David. Je suis contente parce que mes bleus ne se voient presque plus et ma pommette est refermée. C'est toujours pas ça, mais je n'ai plus les strips. Et concernant ma côte ça va aussi nettement mieux. Je ne dirais pas que je n'ai plus jamais mal, mais c'est supportable. Je me fais belle pour mon chéri. J'ai mis une petite robe noire qui me fait un décolleté... avantageux. Et en dessous, j'ai mis un ensemble en dentelle rouge. Ensemble que je suis allée acheter exprès pour l'occasion, j'avoue.

Lorsque le taxi me pose devant chez David, je me fige. Revenir dans ce quartier me fait tout drôle. La maison de mon enfance n'a pas du tout changé. Il y a toujours la vieille balancelle sur le perron. Ma mère et moi on adorait nous y asseoir pour que je lui raconte ma journée quand je rentrais de l'école. On se balançait doucement et elle me caressait les cheveux pendant que je parlais. Si je ferme les yeux, je peux encore entendre sa voix douce et chaleureuse.

Mais cette maison me rappelle aussi le jour où je suis partie en claquant la porte pour ne plus jamais y revenir. Ma mère était morte depuis à peine deux mois... Mon père et moi passions notre temps à nous disputer. On ne se parlait plus, on hurlait tout le temps. Et un jour, il m'a aboyé de but en blanc que sa petite amie, pour ne pas dire sa maitresse (puisqu'il couchait avec elle depuis presque un an), allait venir vivre à la maison. Il n'avait pas arrêté de tromper ma mère malade avec cette nana à peine plus vieille que moi.

S'il pensait que j'allais cohabiter avec elle, il se foutait le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Le jour même, j'ai entassé toutes les affaires auxquelles je tenais et mes vêtements et je suis partie vivre chez Hector. Mon père n'a même pas tenté de me retenir et j'ai su que c'était la dernière fois, je mettais les pieds dans cette maison et que je lui parlais... Perdue dans mes souvenirs, je sursaute quand une main se pose sur mon épaule.

??? : Hope ?

Je me tourne pour faire face à David qui porte une magnifique chemise grise et un jean noir. Je secoue la tête et l'embrasse.

David : Ça va mon adorée ? Ça fait dix minutes que j'ai entendu le taxi te déposer.

Dix minutes... je ne pensais pas être resté aussi longtemps dans mes pensées.

Moi : Oui ça va. C'est juste... revoir ma... cette maison me rappelle beaucoup de choses.

Sentant les larmes me brûler les yeux, je me blottis contre lui en nichant ma tête dans son cou. Avec mes talons, je suis presque aussi grande que lui. Il attrape ma main et nous rentrons dans sa maison. Le salon est décoré avec goût et c'est très chaleureux. Au mur, il y a des photos de Noa et aussi des parents de David.

Moi : J'aime beaucoup ta décoration.

David : Merci. Quand j'ai repris la maison, j'ai dû tout changer. Je n'étais pas vraiment fan du canapé à fleurs de ma mère.

Il grimace et je pouffe de rire en lui volant un baiser. Il m'invite à m'installer sur le canapé et m'apporte un verre de vin blanc. Il lance une douce musique en fond sonore.

David : Tu es magnifique dans cette robe.

Moi : Merci. Tu es très élégant aussi. Tu nous as préparé quoi ? J'ai une faim de loup.

David : Une tourte à la viande. C'est la recette d'un ami à moi qui vit à Belfast, Joey. On adorait aller manger chez lui le midi avec Lou et Auguste. Et le soir, il faisait plus bar. J'espère que tu aimeras.

Moi : Y a pas de raison.

Il me sourit, mais un léger voile se pose sur son regard, comme à chaque fois qu'il mentionne son ami décédé. On voit que sa perte a été vraiment dure pour lui. Pour lui changer les idées, je me penche vers lui et l'embrasse. Une nouvelle chanson commence et c'est de "the way you look toningt" version Franck Sinatra. Je me lève et lui tends la main.

Ma vie à LondresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant