30- Au coin de la rue

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PDV de Tp

J'observe les gens passer.

Ils sont tous pressés.

Aujourd'hui, c'est comme ça, personne ne fait attention à ce qui l'entoure.

Moi, personne ne me voit. Pourtant je suis là. Sous leurs yeux.

Je reste assise à ce coin de rue. Toute la journée, tous les jours. Dans le froid, la pluie, le vent, la chaleur.

Mais d'ici, j'ai une belle vue sur l'île de Manhattan. Ses gratte-ciel brillants, l'océan.

Mais surtout, il y a cette femme.

Elle passe tous les jours dans cette rue, sûrement pour se rendre au travail.

Et tous les jours elle me sourit et me dit bonjour. Parfois même, quand elle a le temps, elle s'arrête pour me demander comment je vais. Et de temps en temps, elle m'apporte à manger.

C'est la seule à m'accorder un peu d'attention. Alors je reste, pour simplement quelques secondes de bonheur.

J'attends tous les matin de voir apparaître sa chevelure rousse parmis les passants.

Ça y est, elle arrive. Deux cafés à la main, elle avance dans la rue.

Nat: Bonjour !

Tp: Bonjour

* elle s'accroupit près de moi *

Nat: Comment ça va aujourd'hui ?

Tp: Ça va bien

Nat: Tiens, c'est pour toi

Elle me tend un des cafés qu'elle tenait dans la main.

Tp: Merci

* elle me sourit *

Nat: Je dois y aller, passe une bonne journée

Tp: Merci, toi aussi

Elle se relève et s'éloigne avant d'emprunter le pont pour traverser jusqu'à l'île.

Nos échanges ne vont pas plus loin, mais ça me suffit. Elle est là et c'est tout ce qui m'intéresse. Je ne sais même pas comment elle s'appelle, et elle ne connaît pas mon prénom non plus. Mais je n'ai pas besoin de le savoir, son sourire me suffit.

* le lendemain *

Il fait encore nuit. Je suis recroquevillée contre le mur pour me protéger du vent glacial le plus possible.

La nuit a été très froide, et je n'ai pas pu trouver d'endroit abrité. Alors je suis restée au coin de la rue, en pensant à la seule chose qui me donnait un peu d'espoir: la rousse.

Mais il était encore tôt et elle ne passerait pas avant quelques heures. Sauf que j'étais vraiment congelée, je ne sentais plus mes membres depuis longtemps et la fine couche de vêtements que je portais ne suffisait pas pour me protéger des rafales.

J'essayais de lutter contre le sommeil, car dans la rue, si on s'endort dans ces conditions, la chance que l'on se réveille est très faible. Mais mes paupières se baissent lentement et je peine pour les réouvrir.

Il faut que tu tiennes

Le soleil commence à pointer le bout de son nez. Les températures font enfin pouvoir monter. Et je vais peut-être avoir droit à une boisson chaude, je pense que je n'ai tenu que pour ça.

Mais, sans m'en rendre compte, alors que je repensais à ce sourire, mes yeux se fermèrent.

PDV de Nat

See You In A Minute | One Shot |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant