42- Lorsque la vie était belle

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PDV de Nat (10 ans)

Le soleil disparaissait derrière les arbres. Je regardais les autres enfants rentrer chez eux, retrouver leurs parents.

J'avais le coeur lourd et la gorge serrée en pensant que je ne connaîtrai jamais l'amour de mes parents.

Chaque jours je pensais à eux, à ma mère surtout. Où étaient-ils ? Que faisaient-ils ? Est-ce qu'ils savaient où j'étais ? Est-ce qu'ils me cherchaient ? Qui étaient-ils ?

Tant de questions qui me compressaient le coeur un peu plus à chaque fois que j'y songeais.

Des pas dans le couloir me firent détourner le regard de la fenêtre.

Une femme s'arrête au niveau de la porte.

Melina: Le repas est prêt Natasha

* je hoche la tête *

Ma fausse mère repart et après un dernier regard vers l'extérieur je descends à la cuisine.

J'y retrouve une tête blonde qui ne me lâche pas du regard dès que j'entre dans la pièce. Mais je n'y prête pas attention.

Melina: Tu veux bien aller chercher la vinaigrette ?

Je m'exécute et vais m'asseoir à ma place. La porte d'entrée claque et Alexei fait son apparition.

Pendant le repas, Yelena raconte sa journée, mais moi, je me contente de regarder mon assiette.

Cette mascarade a commencé il y a trois semaines à peu près. Yelena, ma "soeur" plus jeune, à l'air de s'y faire pleinement. Mais elle ignore que tout ça n'est qu'un stratagème.

Mais moi je sais. On m'a sortit du manoir où j'étais depuis plusieurs années, à m'entraîner, pour me placer dans une voiture avec ces deux agents et une autre fille.

Rien de tout ça n'était réel, cette maison, les enfants du quartier, les repas autour de cette table, les sourires que nous faisaient nos "parents", tout n'était qu'un rêve inatteignable. Mais ça, Yelena était trop jeune pour le comprendre.

Je leurs en voulais terriblement de nous infliger ce faux espoir. Et j'en voulais à cette fille d'être aussi joyeuse. Parce qu'un jour viendra où elle réalisera. Et ce jour là, la chute sera brutale.

Je n'avais déjà plus goût en la vie. Plus d'espoir, plus d'amour, plus rien. Dans ce monde je n'avais rien, je n'étais rien. Seulement un pion que l'on déplace à sa guise.

Le soir, allongée dans la pièce sombre, fixant le plafond où dansait l'ombre des arbres, je me demandais quel était le but de ma vie. Ce que je faisais là, ce que je ferais plus tard, était-ce réellement ce qu'il fallait que je fasse ?

Je n'arrêtais pas de penser à ce que ma vie aurait pu être, et, dans cette chambre dénuée de toute vérité, je ne pouvais m'empêcher de me détester moi aussi.

Ils couraient partout, criaient, rigolaient. Sous le soleil matinal, adossée contre un arbre, je regardais cette scène avec rancoeur. Comme chaque jour qui passait, je restais seule, à en vouloir au monde entier. J'en voulais à ces enfants de vivre leur vie parfaite, j'en voulais aux professeurs de ne pas savoir ce que je vivais. Mais Yelena, elle, vivait toujours innocemment.

Dans un soupire, alors que je m'apprêtais à quitter mon emplacement, je remarqua du coin de l'oeil un petit groupe qui se formait dans un coin de la cour. Intriguée, je maintins mon regard sur ce groupe. Rapidement, il me sembla reconnaître une personne au milieu de toutes. Piquée par la curiosité, je longea les barrières pour m'approcher de l'attroupement. Plus je m'approchais, mieux je comprenais la situation, et moins elle me plaisait.

See You In A Minute | One Shot |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant