41. Mère et fille

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- Enara. Il est temps de régler nos comptes, ma fille.

Ma mère se tient debout dans le grand salon. Ma valise est encore dans ma main, je peux peut-être encore m'enfuir. Ses cheveux sont parfaitement coiffés, tirés en arrivée dans un chignon stricte. Sa robe noir amplifie sont air sévère.

Je suis figée sur place jusqu'à ce que ma mère m'ordonne de venir m'asseoir sur le canapé en face d'elle. Comme une petite fille de douze ans, j'exécute en laissant ma valise au coin de l'entrée. Je ne suis vraiment pas bien. Ma mère reste debout et je la remarque agité.

- Bonjour à toi aussi, Maman.

- Donc tu reviens ?

- Non, je visite la maison.

- Tu m'agaces, gronde-t-elle.

- Comme depuis vingt et un ans.

- Sais-tu pourquoi je veux te parler ? demande-t-elle.

- Pas pour me dire pardon, ça t'écorcherait la bouche.

- Arrête de jouer à lui plus maligne de nous deux.

- Ok, je l'ignore. Dis-moi pourquoi tu veux me parler, lancé-je en pensant que j'enfreins tous les conseils de Maddox.

En réalité, j'ai plusieurs idées de ce qui m'amène devant elle aujourd'hui. J'ignore seulement de quoi elle va parler. J'ai découvert son secret, elle a caché un fils à mon père. Aussi, je constitue un dossier pour le montrer à mon père, et conforter ma mère une bonne fois pour toute. Mais le dossier n'est pas complet, il me manque l'ultime élément qui sera irrévocable, c'est-à-dire le test adn. Sauf qu'elle ne peut pas être au courant de ce que je tente de faire, c'est impossible.

Ma mère attrape son verre de vin blanc posé sur la table et boit un gorgée. La bouteille qui est à côté est à moitié vide, cela annonce rien de bon. Si ma mère a bu, je risque potentiellement des choses graves. Je suis sur mes gardes.

- De toute manière, tu ne sais jamais rien. Mais comme par hasard, tout ce que tu fais, dans mon dos ou pas, me fait du mal.

- Tu ne te trouves pas un peu trop dramatique ? Parce que là, c'est digne d'un grand dramaturge. Qu'est-ce que tu essayes de me dire ?

- Que tu fous toujours la merde quand tu es là ! crie-t-elle en montrant ouvertement sa rage envers moi. J'aurais dû te laisser à l'internat.

J'ai l'impression d'être à la fin d'un film, quand arrive la scène où le gentil et le méchant se confrontent pour la bataille finale. Puis le méchant fait un monologue expliquant en quoi le gentil a gâché sa vie. Voilà où j'en suis avec ma mère. Comme je suis aussi insolente qu'il y a trois ans et que je me sens en danger, je décide de répliquer.

- Où veux-tu en venir ? demandé-je.

- Ne me regarde pas comme ça, petite garce !

- Tu as oublié ton vocabulaire de petite bourge, maman. Ça ne te ressemble pas. Fais attention, tu es à deux doigt de ressembler à une folle.

- AAAAH !

Elle hurle si fort que je sursaute face à ce comportement inattendu. Son verre est projeté au sol, il éclate en milles morceaux. Le contenu du verre est éparpillé par tout. Ma mère se masse les tempes comme pour apaiser la rage qui l'anime, mais j'ai le sentiment que ça ne va pas fonctionner. Mon rythme cardiaque double. Je me demande sincèrement si je ne dois pas m'enfuir au plus vite. Nos conversations à deux n'ont jamais donné quelque chose de bon.

Quand elle se retourne vers moi, je confirme que la situation ne fait que s'empirer. Son visage exprime une rage sans nom. Elle veut ma mort. J'ai l'impression qu'elle me dit indirectement : aujourd'hui, je me débarrasse de toi.

Five HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant