🦁2- Ce petit garçon est anormal

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Ces années étaient de vague souvenir dans ma conscience. Ma conscience avait préféré m'effacer une grande partie de mon enfance pour me protéger à l'âge adulte. Je devais me protéger et passer à autre chose mais comment passer à autre chose après avoir vu cela à l'âge de dix ans ?

Normandie jouait généralement avec des billes qu'il avait volé à l'un de ses camarades de classe pour ne pas s'ennuyer dans la cours de récréation. Sa mère refusait de lui acheter quoique ce soit. Il n'avait aucun jouet et n'avait que son frère et sa sœur pour jouer mais quand ils étaient à l'école, fallait bien que Normandie s'occupe.
C'était assez ennuyeux pour Normandie de jouer aux billes tout seul mais personne ne voulait jouer avec lui. Il était trop anormal comme garçon. Il était trop androgyne, fragile et il pleurait souvent quand on lui faisait un reproche. Il pouvait aussi avoir un excès de violence et sa corpulence et sa taille ne correspondait pas à son caractère.

Les garçons de son âge jouaient au foot et les filles faisaient des courses de trotinette autour du terrain de basket.
Normandie s'était levé de son banc favori, rangea ses billes dans la poche de son short gris sale et s'approcha du terrain de foot.

Normandie: Les gars, je peux venir jouer avec vous ?

Les gars s'étaient arrêtés de jouer et avaient rigolé en voyant Normandie.

???: Non je ne crois pas. On ne joue pas avec les mecs dans ton genre.
Normandie: Mais je veux juste jouer avec des gens... Je n'aime pas jouer seul.
???: On s'en fout ! On ne veut pas jouer avec un type anormal !

Un autre garçon débarqua et le poussa violemment contre le sol. Son genou heurta le goudron et se blessa. Du sang coulait.

???: Tapette va !

Normandie essaya de se relever mais n'y arrivait pas. Son genou lui faisait beaucoup trop mal. Il rampa donc jusqu'à son banc favoris sous les rires de ses camarades de classe, ces rires diaboliques, ces rires méchants.

Normandie: *pense et triste* Je ne comprends pas pourquoi je dois subir ça en plus de ce que je subis à la maison. C'est vraiment horrible.

Normandie avait préparé plusieurs fois des tentatives de fugue avec son frère et sa sœur mais leur mère savait pertinemment leur plan. Elle savait tout.
Les enfants avaient juste le droit d'aller au ruisseau qui n'était pas très loin de la maison, Cérences pouvait les surveiller de la fenêtre de sa cuisine.

Le petit ruisseau était le repère favori de Normandie, Didi et Norman. C'était ici qu'ils parlaient de leur plan d'évasion.

Normandie: On ne peut pas continuer ainsi Didi et Norman.
Didi: Mais on a beau essayé de fuir d'ici, mère sait toujours où nous sommes.
Norman: Et on se fait énormément frapper voir même couper au couteau.

Norman avait encore quelques cicatrices des coupures de couteau que leur mère lui avait fait. Normandie avait désinfecté sa plaie en cachette pour ne pas que la coupure s'infecte.

Normandie: Sauf que si nous restions encore sous son toît, le pire nous arrivera.
Didi: On devrait peut être demander de l'aide ?
Normandie: Et à qui dit moi ? Personne ne veut nous accorder leur confiance car nous sommes une famille bizarre.
Norman: Pourquoi mère nous déteste ?
Normandie: Car nous n'étions pas désiré. Père et mère ne voulaient pas d'enfant.

Normandie avait écouté les conversations de ses parents pour en savoir plus sur eux. Normandie ne savait rien de ses parents.

Didi: J'ai énormément faim.
Norman: P'tètre bien qu'oui ! Moi aussi j'ai vraiment faim !
Normandie: *fronce les sourcils* On va encore manger de la merde. Heureusement qu'il y a la cantine de l'école pour compléter.

Toujours de la nourriture infecte car Cérences ne faisait pas l'effort de bien cuisiner pour ses enfants. Généralement, les plats étaient surgelés et mal cuisiniés.
Comme tous les soirs, le repas était à dix-neuve heures et demi et l'heure du coucher était à vingt heures. Si personne ne respectait les règles, les enfants finissaient dans la cave attachés contre une poutre quelques jours en guise de punition avec très peu de nourriture et d'eau.
Normandie connaissait la cave par cœur à force et faisait exprès de se faire punir quand Didi et Norman se trouvaient en bas. Il ne voulait pas les laisser seuls.

Cérences: Purée de carotte pour ce soir.

Sa voix était sec, comme d'habitude.

Cérences: Si l'assiette n'est pas finie, vous finirez dans la cave. Ai-je été clair ?

Les enfants acquiesça de la tête avec un regard triste et panniqué. Norman était allergique aux carottes mais Cérences s'en fichait totalement.

Norman: Je suis allergique aux carottes, tu le sais bien mère...
Cérences: Arrête de dire de la merde et bouffe ta purée avant de fini dans la cave !
Norman: Mais c'est la vérité ! Les médecins l'ont dit !
Cérences: *s'énerve* TA GUEULE ET BOUFFE SALE GOSSE DE MERDE !!

Norman savait qu'il pouvait en mourir si il mangeait de la carotte. Il ne voulait pas prendre le risque de mourir pour le plaisir de sa mère.
Cérences voyait très bien que Norman ne mangeait pas son plat. Elle se leva et attrapa son fils de cinq ans et le força à manger sa purée. Norman débatait et pleurait.

Cérences: *sourire narquois* Si tu meurs, ça ne sera pas une grande perte Haute-Normandie.

Norman finissa finalement par manger sa purée. Les réactions allergiques avaient toutes suite fait effet. Norman avait dû mal à respirer et s'étouffait. Normandie se leva de table pour aller chercher les piqûres pour calmer les réactions allergiques de son frère. Cérences attrapa Normandie et le poussa contre le mur.

Cérences: Retourne à table toi !
Normandie: *choqué* Mais je veux juste aller chercher les piqûres de Norman dans la salle de bain ! Tu veux tuer ton fils !
Cérences: Si il pouvait crever, je serais bien heureuse !

Normandie voyait son petit frère se tortiller de douleur, il serrait sa gorge avec ses mains et toussait énormément. Ça lui faisait mal et sa gorge gonflait.
L'ainé avait un bleu sur le front, il pouvait confirmer que se manger un mur, ça ne faisait pas du bien.
Pendant ce temps où Cérences perdait son temps avec Normandie et Norman, Didi s'était éclipsée chercher les piqûres contre les allergies de son frère.
Elle soigna donc son jumeau qui était à deux doigts de mourir d'étouffement.

Norman: *pannique* J'ai vu ma vie défiler. Je me voyais déjà au ciel !
Didi: Ne pannique plus Norman, tu dois aller te reposer dans ton lit.

La nuit n'avait pas été de tout repos pour Norman qui ne faisait que de se réveiller en pleine nuit.
Il suffoquait et des larmes coulaient le long de ses joues. Il savait pertinemment que sa mère allait le tuer de cette manière et qu'elle le referait dans le futur en cachant ses piqûres qui contre son allergie.
Plusieurs nuits étaient comme ça pour Norman, des nuits blanches où il pensait à la mort.

Il n'avait que cinq ans.

•Le deuil des lionceaux• 🦁Où les histoires vivent. Découvrez maintenant