🦁19- La réalité

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Je me souviens que quand j'étais au lycée, moi et lui avions rencontré deux jeunes bretons qui venaient du Finistère. Je ne me rappelle plus d'où dans ce département exactement mais ils devaient venir du Pays Bigoudenn. Ils adoraient voyager et un jour, ils se sont retrouvés dans mon lycée avec lui. C'est là que tout avait commencé...

Cérences ne fréquentait pas beaucoup de gens. Tout le monde la fuyait à cause de sa bipolarité. Juste une seule personne avait bien voulu lui faire confiance, Bréhal.
Ils avaient treize ans quand ils s'étaient rencontrés. Cérences était dans une maison de soins, un endroit pour les enfants atteints de troubles psychiatriques ou de maladie mental. Cérences allait dans cette maison tous les weekends.
Bréhal avait un membre de sa famille qui vivait là bas, son petit cousin atteint d'autisme sévère avec déficience intellectuelle.
Cérences était toute suite tombée amoureuse de ce jeune homme. C'était réciproque du côté de Bréhal.

Les parents de Cérences étaient très aimants envers leur fille. Ils avaient toujours tout fait pour elle, pour qu'elle soit heureuse.
Cérences était très proche avec Penmarc'h, une de ses deux amis. Elle sortait avec Pont-l'Abbé, le deuxième ami de Cérences.
Les quatre adolescents trainaient tout le temps ensemble et ils étaient inséparables mais un jour, le lycée se termina et les deux bretons avaient dû revenir en Bretagne.
Cérences avait beaucoup pleuré quand ils sont repartis. Bréhal était avec elle pour la consoler.

Un jour d'été, elle rendait visite à Bréhal qui vivait sur Saint-Lô. La jeune fille vivait sur Valognes.
Sa mère s'inquiétait beaucoup car c'était la première fois que Cérences allait prendre le train et elle avait aussi peur pour la bipolarité de sa fille.

Cérences: Ne t'inquiète maman. J'ai dix-neuve ans tu sais. Faut que tu finisses par me laisser faire ma vie.
Coutances: Ce n'est pas ça le problème Cérences, j'ai peur pour toi.
Cérences: Maman... Tu sais, si les psychiatres m'ont autorisé à partir définitivement de la maison des soins, c'est que je peux vivre en société.
Coutances: P'tètre bien qu'oui, c'est vrai. Tu diras boujou à Bréhal et ses parents de ma part ?
Cérences: Pas de soucis maman, je le ferrais !

La jeune fille prit son sac à main et sortie de sa maison pour se diriger à la gare.
Son train était déjà sur sa voie. Cérences prit place sur un siège seul sac à main sur ses genoux. Une vielle dame passait par là et demanda à Cérences si elle pouvait se mettre à côté d'elle.

???: Esxusez moi jeune fille, est-ce que je peux m'asseoir à côté de vous.
Cérences: P'tètre bien qu'oui bien sûr.

La vielle femme s'assit à côté de la jeune normande. Cette vielle femme était assez pipelette et voulait en savoir plus sur Cérences.

???: Vous allez où si bien habillée jeune fille ?
Cérences: C'est personnel désolée...
???: Vous ne trouvez pas que c'est un peu court comme jupe ?
Cérences: Hum p'tètre bien qu'non, c'est une taille basique...
???: Vous vous arrêtez où ?
Cérences: Au terminus, Saint-Lô.

Cérences n'aimait pas trop l'interrogatoire de cette inconnue. De quoi elle se mêlait cette femme ?

"Le train TER numéro ***** en provenance de Valognes et à destination de Saint-Lô va partir. Éloignez-vous de la bordure du quai s'il vous plait".

Les portes du train se fermèrent et le train commença à quitter la gare de Valognes.
Le trajet s'était bien passé pour la jeune femme. Bréhal l'attendait à sa voie le sourire au lèvre. Cérences descenda de son train et se jetta dans les bras de son petit ami.
Elle sortait avec Bréhal depuis deux mois.

Bréhal: Alors, il s'est passé comment le trajet ?
Cérences: Super bien, juste la vielle femme qui était à côté de moi. Elle voulait savoir où j'allais précisément et jugeait ma tenue.

Bréhal fixa la tenue de sa petite copine de la tête au pied.

Bréhal: *rougis* Tu es très belle dedans pourtant.
Cérences: Elle disait que c'était trop court.
Bréhal: *ricane* Pfff qu'elle conne. Les vieux ne savent pas évoluer. D'ailleurs, tu savais que Penmarc'h et Pont-l'Abbé vont avoir un enfant ?
Cérences: *surprise* Vraiment !?
Bréhal: Penmarc'h est enceinte de deux mois.
Cérences: *suspicieuse* Pourquoi elle ne m'a pas envoyé de message pour me prévenir de sa grossesse ? Je suis sa meilleure amie tout de même...
Bréhal: Ah ça, je ne sais point. J'étais persuadé que tu le savais...

La jeune normande était déçue de sa meilleure amie qui ne lui avait pas envoyé de message pour lui dire qu'elle était enceinte mais avait prévenu Bréhal. Elle trouvait ça bizarre et injuste.

Bréhal: Aller Cérences, tu ne vas pas te morfondre sur ça... Elle va peut être t'envoyer un message dans la journée.
Cérences:  Tu crois ?
Bréhal: Mais p'tètre bien qu'oui !
Cérences: *réalise* Oh ! J'allais oublier ! Ma mère te dit boujou.

Cérences et Bréhal avaient passé leur journée dehors. Bréhal était encore plus fou amoureux d'elle et c'était réciproque du côté de Cérences.
La jeune fille s'attendait bien avec les parents de son copain. Ils étaient doux et attentionnés envers leur fils.

Coudeville: Vous aviez prévu quoi dans le futur les jeunes ?
Bréhal: Oh bah on ne sait pas trop.
Coudeville: Vous comptez vivre ensemble ?
Bréhal: Bien sûr !
Bricqueville: Et vous voulez des enfants ?
Cérences: Certainement pas ! Je déteste les enfants !
Bréhal: Cérences n'est pas vraiment apte d'élever un enfant... Il lui faudrait encore beaucoup d'années si elle le souhaitait réellement.
Bricqueville: Prenez tout votre temps dans ce cas. La vie est certes courte mais vous n'aviez que dix-neuve ans.

Coudeville était la mère de Bréhal, Bricqueville le père. Les deux parents sont malheureusement partis trois ans après. C'était une mort asser tragique pour Bréhal qui aimait énormément ses parents.
Coudeville était décédée du cancer et son mari s'était suicidé pour la rejoindre.

Le soir même, Bréhal raccompagnait Cérences à la gare de Saint-Lô. Ils s'échangèrent le dernier baiser de la journée puis Cérences entra dans son train. Cette fois si, personne ne s'était mise à côté de Cérences.
Le trajet se passait plutôt bien, enfin ça, jusqu'à ce qu'ils arrivent sur Picauville. La voie ferrée était très mauvaise dans les environs, elles étaient très mal entretenues et le train allait plus vite que la norme des TER.
Cérences n'avait pas vu l'accident se produire, elle était toute suite tombée dans les pommes quand le train s'était penchée sur le côté pour tomber.

•Le deuil des lionceaux• 🦁Où les histoires vivent. Découvrez maintenant