--------------------- Violet ---------------------
Une semaine plus tard,
Excédée, je regardais Christopher aller et venir entre les cibles pour les bouger d'un millimètre une par une. Il faisait ça depuis dix minutes, et j'avais le sentiment que c'était simplement pour me mettre sur les nerfs.
- Tu sais que j'ai une arme chargée, Delta ? le provoquais-je, à bout.
Il tourna la tête vers moi, surpris, puis une lueur arrogante s'alluma dans ses yeux verts.
- La personne qui est le plus en danger, c'est toi, si tu tires.
- Pourquoi, tu vas me tirer dessus ?
Il secoua la tête, puis ajusta pour la centième fois une cible. Enfin satisfait, il observa son travail, puis revint vers moi.
- Non, Violet. Tu as plus de chance de détruire les murs que de me tuer. Mais sans ceci, ajouta-t-il en indiquant son casque anti-bruit, tu auras très mal aux oreilles. Tu as une mitraillette dans les mains. C'est bruyant.
- Je sais, merci, marmonnais-je.
Il haussa les épaules, puis me passa un casque similaire au sien. Avant de le mettre, je demandai :
- Pourquoi une mitraillette ?
- Parce que, Violet, ça peut toujours servir si tu te retrouves contre un psychopathe qui n'a que des mitraillettes.
- Et il y a des chances ?
- Tu serais étonnée, soupira-t-il.
Puis il m'expliqua les règles de base, comment tirer, comment viser, et j'acquiesçai en frissonnant devant ces détails sordides. Mais quand je pensai qu'il en avait terminé, il conclut :
- Si tu as une arme, Violet, et que tu te retrouves en danger avec n'importe lequel de mes ennemis, vise la tête. C'est efficace, rapide, et mortel.
- Mais je ne vais pas tuer, t'es malade ! m'écriais-je.
- Si tu hésites une seule seconde, déclara-t-il en me regardant gravement, ou si tu tires dans un bras, ou même dans la poitrine, sauf si tu as un coup de bol, ils seront toujours vivants. Et ils pourront te tuer tandis que tu tentes de fuir. C'est paradoxal, je te l'accorde, mais contre ce genre de personne, c'est vital que tu sois mortelle.
Je soupirai. Puis il ajusta ma position pour que l'arme vise la tête des silhouettes en carton éparpillées partout dans la pièce. Nous étions au dernier étage, dans une gigantesque salle de tir. Le soleil entrait à flot par les grandes fenêtres. Je voyais chaque ombre de chaque silhouette. Mais surtout, je sentais le poids de la mitraillette dans mes mains, je sentais la froideur du métal sombre. Étrangement, ça m'étonnait qu'elle soit si... immobile.
C'était un objet, je le savais. Mais elle était tellement porteuse de violence, que j'avais inconsciemment cru qu'elle avait une sorte de volonté propre. Comme si la tenir entre ses mains rendait stupide, irréfléchi, impulsif, maléfique. Comme si l'arme était en partie responsable de la violence qu'elle provoquait.
Mais... rien.
En fait, l'arme n'était pas dangereuse. Elle était inoffensive. C'était juste l'homme qui était purement violent.
Je pris une grande inspiration, puis expirai. Christopher me dit une dernière chose :
- Violet, je sais que ces silhouettes sont en carton. Mais tu dois considérer qu'elles sont vivantes. Car s'il s'agit d'un entraînement, un jour tu auras le pouvoir de prendre la vie de quelqu'un. Et tu le feras, ou ce sera toi qui mourra. Alors à chaque balle que tu tires, je ne veux pas que tu voies le carton. Je veux que tu voies l'être humain.

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Leurs Noms
RomantikaElle s'appelait Violet. Mais on l'appelait par un autre nom. Plusieurs autres noms. Chaton. Poussin. Poupée. D'autres, beaucoup moins « mignons ». Salope. Pute. Connasse. Personne ne l'avait jamais appelée... Ma chérie. Mon amour. Mon cœur Non, c'ét...