Chapitre 30 - Miroir

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-----------------Frank-----------------

New York City, Manhattan, 15h.

J'étais devenu complètement fou.

C'était la seule explication possible.

Qu'est-ce qui m'avait pris ?

Parce que je devais être possédé pour avoir kidnappé la fille héritière/prunelle des yeux d'un des hommes les plus terrifiants de ma connaissance, pour l'emmener voir une psychothérapeute afin que celle-ci puisse faire revivre à ladite enfant un évènement traumatique qui lui avait à la fois volé sa mobilité et sa mère.

Et puis, outre cet aspect qui faisait de moi un monstre à tendances suicidaires, pourquoi infliger un tel calvaire à May, une fillette que je connaissais personnellement et qui était absolument adorable ?

Je n'avais pas de réponse. C'est pour cela que je levai mon regard vers Christopher Delta et murmurai d'un ton pitoyable :

- Désolé.

Il me regarda, ses yeux émeraude ternis par la déception. Je m'enfonçai encore plus dans mon fauteuil, avec l'envie de me fondre dans le cuir sombre du siège pour échapper à l'amertume dans le regard du jeune homme. Tentant à tout prix de ne pas le regarder pour éviter de me liquéfier de honte, mes yeux se posèrent sur les vitres, qui me donnaient une vue imprenable sur Manhattan. Christopher m'avait rejoint dans les bureaux de DeltaTech, la branche de l'organisation criminelle avec laquelle j'avais le plus à faire, en tant qu'ingénieur informatique et propriétaire de Kold Industries. Ce bâtiment devait être l'un des plus sécurisés de la ville, grâce à ma technologie, ce qui me remonta légèrement le moral. De l'autre côté de la rue, je pouvais voir, à travers les fenêtres de son loft, Lara travailler sur son ordinateur.

Christopher soupira. Comme du métal à un aimant, mon regard fut aussitôt attiré à lui.

Je me sentis à nouveau minable.

Surtout que la dernière fois que je l'avais vu, ça ne s'était pas exactement bien passé.

J'avais, pour résumer, compris que mon ex petit-ami était complètement brisé.

Par ma faute.

Il avait beau prétendre le contraire... je le savais.

Parce qu'il me l'avait dit.

Tu veux que je te dise que je souffre à l'idée que quelqu'un m'aime, que je me hais plus que je déteste toute ma famille ?

Tu veux que je te dise que tu m'as brisé le cœur il y a huit ans et que quand je rencontre quelqu'un avec qui j'ai envie d'être, tout mon être m'en empêche parce que je ne peux pas être aimé ?

Tu veux que je te dise que je me dégoûte, et que quelqu'un puisse m'apprécier me donne envie de m'enfoncer un couteau dans le cœur ?

Tu es prêt à te dire que j'ai torturé des gens ? Que j'ai cassé des os, coupé des membres, crevé des yeux ? Que j'ai tué des membres de ma propre famille ?

Tu es prêt à m'aimer, Frank ? Vraiment ?

Personne ne peut m'aimer.

Et à la honte, à la culpabilité de ce que je venais de faire, s'ajoutèrent aussitôt les centaines de remords qui me suivaient depuis ce fameux moment.


Huit ans plus tôt,

Alors, pour qu'il comprenne exactement pourquoi notre relation était désormais impossible, je déclarai :

Leurs NomsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant