chapitre I : Mona

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En sortant fumer une cigarette, je regarde l'heure affichée sur le micro-onde. Je soupire en constatant qu'il est déjà deux heures passées... Je n'ai pas fermé un oeil depuis trois jours à l'idée que dans quelques heures, j'entame ma dernière année au lycée. Mon angoisse est tellement présente qu'il met impossible de trouver le sommeil. Cette année est synonyme d'une ultime année durant laquelle je dois tout faire pour ne pas flancher. Comme si dans cette dernière année, j'allais combattre  le boss ultime d'un jeu vidéo. En plus, je n'aurais pas ma copine avec moi cette année. Lou a changé de lycée en fin d'année... C'est le problème de ne pas avoir beaucoup d'amis. Seulement une pour être précise.

    Avant, j'étais décrite comme étant « l'intello de service un peu rondelette qui avait un avenir tout tracé ». La petite fille à papa par excellence pour faire simple ! Seulement, depuis mon arrivé au lycée, ce que j'entends le plus souvent me concernant se résumé par « une artiste ratée supplément intello, sans ami, toxico, niveau physique : baisable, toujours les bras chargés de livres ». Je trouve ça assez drôle quand on sait que je n'ai jamais fumé de joints (bon la tabac oui, j'assume) alors que j'ai spécialité Humanité Littérature et Philosophie et Arts Plastiques ! Mais non, je ne touche pas à ça, même l'alcool, il est très rare que j'en bois. Vous l'aurez compris, je ne suis pas populaire du tout. Cependant, je préfère ça. Même si, lorsque je cours, avec mon chignon tenu uniquement grâce à un pinceau que je glisse à l'intérieur, pour rattraper mon professeur d'Arts Plastiques en râlant parce qu'il nous manque du matériel, je me mets en lumière , à la vue de tous. Je suis obligée de me restreindre car nous n'avons pas beaucoup de peinture, planche de bois ou tout autre objet que peut nous servir. Ces deux cours sont les seules choses qui me manquent en vacances. Encore heureux étant donné que se sont les deux seuls que j'ai choisi !

    C'est la deuxième cigarette que j'entame, mais cette fois-ci, j'ai monté le son au maximum dans mon casque après avoir passé le portail qui mène sur la rue pour sortir du jardin. C'est agréable de marcher dans le noir, lorsque tout le monde dort profondément. J'ai l'impression d'être sur une autre planète, seule avec mes pensées. Mais c'est aussi angoissant ; j'ai toujours peur de me retourner et de découvrir une silhouette, ou même de voir l'ombre de celle-ci au sol en passant en dessous des lampadaires. C'est pour cette raison que je me retourne assez régulièrement pour vérifier que je sois bien seule.

    Je suis au milieu des champs, à   trois heures du matin, en pantalon à carreaux avec des crocs à fleurs. Je rigole en pensant que c'est une très mauvaise idée, j'ai école dans moins de cinq heures. C'est pourquoi je décide de rentrer chez moi tout en appelant Victoire, une de mes seuls amis. Elle est actuellement en Angleterre pour les études. Je ne sais pas si elle dort mais je tente de l'appeler quand même. Elle me répond dès la deuxième sonnerie, nous parlons de tout et de rien durant quelques minutes. Ce que j'aime bien avec elle, c'est qu'elle ne me demande jamais si je vais bien. C'est une question inutile, c'est celle à laquelle on répond le plus souvent par un mensonge par « politesse ». Qui oserai dire « Non, je ne vais pas bien » ? C'est trop impoli, de plus, même ceux qui le feront se prendront des remarques telles que «  Arrête de te plaindre ! Il y a des personnes plus malheureuses que toi sur terre ! ». Tout le monde le sait, mais tout le monde le répète sans arrêt. Sauf que nous aussi nous avons le droit de ne pas nous sentir bien durant une journée ou un peu plus.

    Nous nous quittons lorsque je passe ma porte d'entrée le plus discrètement possible afin de ne pas réveiller mes parents qui dorment à l'étage. Seulement, dès que j'allume la lampe torche de mon téléphone pour voir plus clair, mon regard croise celui de ma mère qui est assise sur une chaise de la salle à manger. Elle doit m'attendre depuis un moment vu son air sévère. Je la laisse commencer à parler puisque je comprend son inquiétude. Elle ouvre plusieurs fois la bouche mais lariforme aussitôt comme-si elle était incapable de parler. Elle finit par se lever puis elle se rapproche de moi et me prend dans ses bras. Je ne suis pas à l'aise avec les contacts physiques mais je la laisse faire. Au bout de cinq interminables minutes, elle me laisse enfin respirer dans ma bulle d'intimité.

À ma place - EN RÉÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant