12 : Hors sujet

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PDV - Lewis

      Après quatre heures à observer Mona, dont plus d'une à la faire chier, je vais enfin pouvoir lui parler seul à seul. Je la suis jusqu'à son casier pour y déposer ses affaires. J'en profite qu'elle ne me voit pas pour chercher mon numéro dans ses contacts. Une déception s'empare de moi quand je constate qu'elle ne m'a pas enregistré. Rien que pour l'embêter, je vais le faire à sa place. Une fois cela fait, je vois qu'on est arrivé dans le hall du lycée. Son casier est près des toilettes. Ils sont tous décorés de stickers ou dessins griffonnés au marqueur indélébile. Cependant, celui de Mona n'est ni abimé ni personnalisé. Quand elle l'ouvre, je remarque qu'il est très bien rangé. Ce qui m'indique sans aucun doute que la jeune femme est maniaque, comme moi.

    Elle se retourne après avoir récupéré quelques affaires, puis elle me demande si j'ai un briquet. Je lui montre ce dont elle a besoin pour allumer sa cigarette. Une fois son casier fermé, nous traversons le hall afin de rejoindre la sortie. Je ne suis vraiment pas habitué à se regroupement d'élèves. Il me met mal à l'aise. Contrairement à ce que je pensais, Mona remonte vers le centre ville pour être plus au calme, ce qui me fait sourire brièvement.

    Je lui tends le briquet pour qu'elle puisse griller sa clope et par la même occasion, se pourrir les poumons. Je la regarde faire, puis vient mon tour d'allumer ce poison. Encore aucun de nous n'a parlé. Alors pour décoincer la boule qui s'est formé dans ma gorge, je lui rends son téléphone.

— Enfin ! J'ai cru que tu comptais partir avec !

    Je rigole face à son accusation.

    A-t-elle compris que je me chie dessus rien qu'à l'idée de lui parler ?

— J'y ai pensé mais je me suis dit que tu allais me torturer. Et qu'une fois que tu l'aurais récupéré, tu me tuerais avant de jeter mon corps dans la rivière derrière le lycée.

    Elle me regarde étonnée avant d'exploser de rire. Son rire est joli... Il me donne envie de rire avec elle.

— Ne me tente pas parce que je suis capable de bien pire. Je suis vexée que tu me sous-estimes !

— C'est bien ce qui me semblais... Bon, j'ai fait le bon choix de te le rendre alors ?, je lui demande.

— Ouais. Valait mieux pour toi. Sinon, tu t'es pas trop ennuyé ce matin ?

— C'est plutôt à toi qu'il faut demandé ! Tu as passé les deux premières heures  à griffonner sur ta feuille de cours. Et tu t'es lâchée en Arts mais c'est tout, lui dis-je.

— Euh... Je n'aime pas trop les interventions. J'ai l'impression que c'est juste fait pour nous narguer sur le fait que vous, vous avez réussi. Ce qui ne sera pas forcément notre cas. Je sais que la plupart des élèves adorent ça mais pas moi. Donc oui, je fais autre chose pendant ce temps là.

— Je suis assez d'accord. Je n'aimais pas ça non plus. Mais là j'ai a-do-ré. Enfin, surtout la deuxième partie où je pouvais t'emmerder. C'était mon cours préféré !

— Style je n'avais pas remarqué ! Donc si j'ai bien compris, et tu m'arrêtes si je me trompe, mais tu n'as pas prévu de me laisser tranquille malgré mon caractère de merde ?

— Exactement ! T'as tout compris !, je m'exclame.

    Mona secoue la tête avant de tirer une latte. Elle prend un air sérieux avant de recracher la fumée emprisonnée dans ses poumons.

— T'es au courant que c'est impossible ?, me demande-t-elle.

— Je ne vois pas en quoi. Mais j'avoue que si je passe à la vitesse supérieur, ça va commencer à ressembler à du harcèlement..., je songe.

À ma place - EN RÉÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant