L'explosion

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Nassir

Je ressentis l'explosion jusque dans le tréfonds de mon âme. Les murs tremblèrent et mes os s'entrechoquèrent violemment, ma voix se perdit dans la détonation assourdissante et je tombai.

Sous mes paupières closes, je vis les éclats rougeoyants des flammes. A travers le voile qui semblait avoir recouvert mes oreilles et le sang qui s'en échappait, j'entendis les exclamations horrifiées de plusieurs voix.

Puis tout se tut.

Un silence froid et morne m'envahit. Non pas le silence de la mort mais celui de la douleur.

***

Mon réveille fut brutal, provoqué violemment par une voix étouffée et familière hurlant mon nom.

J'ouvrai péniblement les yeux et les refermai aussitôt, aveuglé par une multitude de flash blanc éclatants.

-Nassir ! Nassir debout !

C'était Rhiya. Cette fois, je m'efforçai d'ouvrir complètement les yeux, malgré la brûlure de la poussière.

-Oh Nassir, ne me refait plus jamais une frayeur pareille, tu m'entends ? S'exclama mon amie, les mains plaquées sur mon visage et les joues striées de larmes.

-J'ai cru t'avoir perdu à nouveau, je ne peux pas, Nassir, je ne peux pas te perdre à nouveau...

Ses mains étaient crispées sur mes vêtements, broyant le tissu poussiéreux, s'accrochant férocement à moi.

J'aurais voulu lui répondre que moi non plus, qu'elle était la seule personne qu'il me restait sur terre, que jamais je ne l'abandonnerai une nouvelle fois, mais ma gorge était nouée et enfumée et mes idées loin d'être assez claires.

J'ouvris quand même la bouche dans l'espoir qu'un quelconque son en sorte, mais mes cordes vocales semblaient comme nouées et je ne parviens qu'à émettre un étrange gargouilli qui n'aidait pas à me définir en tant qu'être humain respectable. De toute façon, j'étais bien trop secoué pour m'en soucier alors qu'un immeuble venait littéralement de me tomber sur la tête.

Que s'était-il passé ? Comment étions-nous passés de deux amis fêtant timidement leurs retrouvailles dans la maison de l'un à deux amis craignant pour leurs vies et santé sous les décombres de cette même maison ? Et ce en à peine quelques minutes.

Soudain, les doigts de Rhiya se firent plus léger, moins fermes, jusqu'à ce que je les sente se détacher complètement.

J'étais dépassé par les événements et mon cerveau ne semblait pas capable de réfléchir normalement tandis que je me sentais soulevé de terre par deux bras puissants et que j'entendais comme en bruit de fond particulièrement déplaisant des voix masculines hurler des ordres et des insultes sans queues ni têtes.

-Qui êtes-vous ?

Ma tête tournait atrocement et elle me semblait étrangement disproportionnée par rapport à mon corps, qui lui, ne devait pas peser plus de quelques grammes en ressenti. La gravité m'avait complètement abandonné tandis que je me sentis partir, basculer lentement dans une douce obscurité, loin des cris et du chaos environnant.

Mais à la dernière seconde, je me repris. Où était Rhiya ? Je venais à peine de la retrouver que déjà, elle me glissait entre les doigts.

Je me débattis faiblement dans les bras de l'homme qui me portait et tentai de prononcer à nouveau des paroles sensées.

-Qui êtes-vous ? Répétai-je, une pointe de panique transperçant ma poitrine épuisée. Que faites-vous ? Où est Rhiya ? Où m'emmenez-vous ? M'affolai-je dans un étrange crescendo de panique.

WardaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant