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Siham

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Siham

J'aurais menti en disant que c'était le doux chant des oiseaux qui me réveilla le lendemain matin.

Car la vérité était toute autre. La vérité était que je n'étais pas parvenue à fermer l'œil une seule seconde cette nuit-là. Je n'avais même pas approché les draps frais du lit que je ne partageais plus avec Sanaa.

Le sang était partout.

Sur mes habits, sur ma peau et incrusté sous mes ongles courts ; collé dans mes cheveux et autour de mes plaies, injecté dans le blanc de mes yeux et pulsant dans mes tempes. Je pouvais sentir son odeur métallique qui ne partait pas, peu importe le nombre d'heures que je passais au fond du baquet d'eau chaude qu'on m'avait rempli.

J'eus beau vider tous les flacons d'onguent sur ma tête et les laisser couler le long de mon corps pour frotter de toute mes forces après, je ne parvenais pas à me débarrasser de la sensation poisseuse de la sueur, la crasse, la boue et le sang qui me couvraient entièrement.

Jusqu'à ce que l'eau devienne gelée et que le soleil pointe à l'horizon, je ne bougeai pas du baquet, les genoux ramenés contre ma poitrine et mes bras grelottants les entourant. Mon esprit n'était focalisé que sur une seule chose : Naim.

A la seconde où on nous avait sortis du couloir dans lequel nous nous étions écroulés, mon ami m'avait été arraché.
Enfin, on avait d'abord essayé de me raisonner et de me convaincre de le lâcher pour qu'on puisse lui apporter soins et repos, mais j'avais refusé et m'étais accrochée sauvagement à son corps inerte jusqu'à ce qu'on doive décrisper un à un mes doigts pour le libérer.

Je me souvenais parfaitement avoir hurlé en me débattant tout le long du chemin qui menait à mes appartements. Une fois là-haut, on avait fermé la porte à double tour et emmené Sanaa dans une autre pièce.

J'avais attendu plusieurs heures, prostrée sur le sol, la tête dans les mains, avant qu'une domestique n'entre et ne me force à prendre ce bain.

Je n'en étais pas sortie depuis.

Les cigales s'étaient endormies pour laisser place aux oiseaux et à la clameur matinale de la ville au loin mais j'étais toujours immobile, les yeux grand ouverts fixés sur un point flou du tapis.

Je ne savais pas si j'étais capable de bouger encore et dans le doute, j'avais préféré ne pas le faire. Chacun de mes muscles était tendu et extrêmement douloureux. Les os qui n'étaient pas fêlés ou malmenés se comptaient sur les dix doigts de mes mains elles aussi fripées et écorchées.

Je n'avais tout simplement ni le courage ni la force physique nécessaire pour me lever et passer du baquet au lit.
Il fallait pourtant que je prenne du repos, je pouvais le sentir à chaque seconde qui passait sans que mon dos ne puisse soulager sa souffrance.

WardaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant