Au coeur du labyrinthe part. 2

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Siham

Il me fallut plusieurs dizaines de minutes pour être capable de me lever et marcher à nouveau. Mon bras blessé pendait en écharpe à mon cou et je ne faisais qu'une seule chose tandis que j'évoluai en trainant les pieds dans la boue : prier. Prier que le bout de tissu mouillé que j'avais déchiré dans la tunique du jeune Astien et qui me servait de bandage ne cède pas si un combat venait à se présenter et surtout, prier pour qu'un combat ne se présente pas.

La sensation d'épuisement qui se répandait lentement dans tout mon organisme me terrifiait. Je pouvais sentir chacun de mes muscles geler sous la pluie et mes jambes menaçaient sans cesse de me lâcher. A vrai dire, je leur en étais déjà extrêmement reconnaissante de me porter encore.

Je songeai à combien la situation aurait été différente si les griffes du chien s'étaient plantées un peu plus bas et m'avaient lacéré la cuisse au lieu du bras. Le jeune Astien serait probablement toujours en vie mais je ne saurais en dire autant de moi-même. La vie était une succession d'évènements tragiques et seul Dieu décidait de qui en souffrirait le plus. Mais pour aujourd'hui, ce n'était pas encore moi.

Il était difficile de dire combien de temps passa exactement avant que je ne tombe sur une autre menace potentielle.

Au coin d'un mur, alors que j'errais en quête d'une fontaine ou juste d'un peu d'eau, je découvris une silhouette penchée sur un minuscule saut de cuivre. Tous les sens en alerte, je me rejetai aussitôt en arrière, hors de sa vue. Mon souffle s'accéléra et je redoutai de devoir me battre à nouveau. J'étais parfaitement consciente que suivant mon adversaire, je pourrais cette fois-ci y laisser bien plus que mon bras. Anesthésiée par la douleur, grelottante et assoiffée, je n'avais pratiquement aucune chance si l'on m'attaquait. Mais j'avais aussi désespérément besoin d'eau.

Peut-être la silhouette que j'avais aperçue me serait-elle sympathique, peut-être serait-elle tout simplement trop inquiétée par le sablier pour perdre son temps à m'éliminer. Dans tous les cas, je me devais d'essayer. Si la lame d'un ennemi ne me tuait pas alors la soif s'en chargerait.

Prenant une grande inspiration et enroulant mes doigts autour du manche de mon arme, je sortis de ma cachette.

L'Élu qui me fit alors face n'avait rien d'accueillant.

Sa barbe mal taillée lui mangeait la moitié du visage et ses longues boucles noires ne laissaient apercevoir qu'un seul de ses yeux aux iris clairs. J'avais l'impression que sa carrure impressionnante aurait masqué le soleil si les nuages et les hauts murs ne s'en occupaient pas déjà. En baissant les yeux sur sa tunique noire barrée d'une ceinture argentée et ses grandes bottes écailleuses, je constatai avec horreur qu'il s'agissait là du colosse alymien que j'avais pu apercevoir l'autre jour au dîner. Je me sentis soudain fébrile et me détournai, prête à prendre mes jambes à mon cou s'il le fallait.

Mais si ma présence n'avait pas semblé l'alarmer plus tôt, mon mouvement brusque attira son attention. Il se redressa aussitôt et sa tête pivota dans un geste presque animal. Je serrai les poings, j'avais déjà eu à affronter un monstre aujourd'hui et ne tenais vraiment pas à réitérer l'expérience.

Je reculai donc en priant pour qu'il me laisse détaler sans demander mon reste. Je n'avais pas pour habitude de fuir devant le danger, mais je n'étais pas idiote pour autant. Je connaissais mes aptitudes et leurs limites. J'aurais déjà eu du mal à vaincre un tel homme en combat normal sans en retirer des sévères blessures, mais je me savais incapable de m'en sortir vivante dans l'état où je me trouvais. Mieux valait pour moi de jouer la carte de la fuite pour avoir l'occasion de reporter ce combat à plus tard.

Mais l'homme ne se détourna pas. Il avança d'un pas déterminé dans ma direction et je paniquai.

-Pour qui concourez-vous ?

WardaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant