Marché conclu

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Siham

-Que diable faites-vous là Nassir ?

L'espace qui s'étirait entre nous quand je prononçai ces mots était si réduit que je pouvais sentir son souffle chaud caresser mon front.

Il me fixa encore quelques instants avant de s'écarter et je me rendis compte que j'avais retenu ma respiration.

-Que faites-vous là ? Répétai-je, voyant qu'il ne comptait pas m'offrir de réponse.

Sa respiration s'interrompît.

-J'ai besoin de votre aide. Et je pense que vous pourriez avoir besoin de la mienne.

Je m'efforçais de ne rien en montrer, mais j'étais stupéfaite.

-Qu'est-ce qui vous fait croire que vous possèderiez quoi que ce soit qui m'intéresse ? Lâchai-je froidement.

-Ecoutez-moi, je ne ferai pas long.

-Je vous en prie.

Je croisai les bras contre ma poitrine et le fixais intensément jusqu'à ce qu'il se racle la gorge et détourne le regard pour ramener ses mains derrière son dos et s'expliquer.

-Vous nous avez fait défaut, à l'ambassade.

Je levai les yeux au ciel.

-J'étais, indisposée, comme vous pouvez sûrement le constater, sifflai-je en désignant amèrement la chambre et le palais qui nous entouraient.

-Bien sûr, je comprends, mais...

-Mais j'aurais dû me libérer de mes obligations envers la couronne pour me rendre à une audience ridicule en territoire ennemi ? Le coupai-je sèchement.

Cette fois-ci, il ne détourna pas le regard mais se crispa presque imperceptiblement.

-Nous ne sommes plus vos ennemis.

Mon regard était noir et chargé de toute ma haine quand je lui répondis.

-Vous l'avez toujours été. Vous le serez à jamais.

Le silence s'étira et il me fixa tout du long, scrutant mon visage d'une façon qui me donna presque envie de rompre notre contact visuel, quitte à laisser de côté ma fierté. Mais je ne cédai pas et il finit par reprendre, les traits imperturbables.

-Toujours est-il qu'on m'envoie aujourd'hui en tant qu'ambassadeur pour vous en parler. Si vous mouriez dans cette arène, alors vous ne seriez plus le problème d'Adrisia et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, commença-t-il.

-Oh vous en seriez ravi n'est-ce pas ? Crachai-je en resserrant mes doigts autour du manche de mon arme.

Peut-être était-ce la raison de sa venue ce soir, m'abattre pour soulager son ambassade d'une affaire gênante.

-Là n'est pas la question, répliqua-t-il, sans démentir pour autant mes paroles.

Je le toisai et remarquai la légère tension de sa mâchoire qui tirait sous sa peau et me laissait apercevoir chacun de ses muscles tressaillants.

-Je suis là pour vous proposer un accord.

Je fronçais les sourcils. Un accord ?

-Il... Il se trouve que j'ai besoin de vous pour une affaire personnelle.

Je me redressai.

-Ai-je l'air d'une mercenaire ?

Il ne répondit rien mais je me mordis la langue.

WardaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant