La porte bleue

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Siham

Ma lame percuta violemment celle de l'élue de Garlian et quand l'impact résonna dans tout mon corps, je sus que le combat avait commencé.

Du coin de l'œil, je suivais les mouvements de Sanaa tandis qu'elle s'écartait et tentait de se défendre contre la brute qui lui tomba dessus.
Le plus vite j'en aurais fini avec la femme de Garlian, le plus vite je pourrai lui porter secours.

Mais mes capacités étaient diminuées et l'élue était plus rapide qu'il n'y paraissait.
Très vite, je me retrouvais à défendre et à reculer au lieu d'attaquer et de la pousser vers un des rebords escarpés de la plateforme sur laquelle je l'avais rejointe, ce qui l'a précipiterait vers une chute mortelle de plusieurs dizaines de mètres.

Si tu ne te reprends pas, c'est toi qui va finir là en bas, écrasée contre les pavés boueux du labyrinthe.

Je rugis et fis tournoyer mes couteaux en la repoussant férocement. Comme prévu, elle suivit le mouvement et recula pour éviter le revers de mes lames.

La douleur qui s'était emparée de chacun de mes muscles et de mes os avait eu l'avantage de m'anesthésier et je ne bronchai presque pas quand son poing s'écrasa courageusement sur ma mâchoire. Au contraire, j'en profitais pour lui porter un coup tranchant juste sous les côtes et elle bondit en arrière quand le sang jaillit pour m'éclabousser le ventre.
Mon bras blessé était toujours vulnérable mais je ne laissais rien paraître. La moindre faiblesse pouvait s'avérer fatale quand je n'étais pas au sommet de mes compétences.

A ma droite, Sanaa luttait, le souffle court et les bras tremblants tandis que l'homme aux couleurs d'Arwanline tentait de l'attraper pour la jeter dans le vide.

Je devais me hâter. L'érudite ne tiendrait pas longtemps.

Reportant toute mon attention sur l'élue qui me faisait toujours face, le ventre dégoulinant de sang et les yeux fous, je calculai rapidement la distance qui nous séparait et le nombre de pas nécessaire pour la franchir le plus vite possible.

Un, deux, trois... Je bondis.

Mon bras valide agit de lui-même et projeta de toute ses forces le couteau qu'il tenait. La lame alla se planter dans le torse de la femme qui n'eut même pas le temps de me voir bouger avant que, faisant passer mon autre arme dans ma main, je ne lui tranche la gorge.

Son regard devint vitreux tandis qu'elle portait les mains au flot de sang qui la quittait et elle perdit l'équilibre.
Un pas en avant et je la poussai du bout du pied.
Elle bascula dans le vide sans un bruit et je n'attendis même pas de la voir s'écraser en bas avant de faire volte-face pour me précipiter sur la brute qui tenait Sanaa.

Je brandis mon dernier couteau -n'ayant pas eu le temps de récupérer celui qui était resté planter sur le corps de l'élue- et le lui plantai dans le bras en criant.
Voyant qu'il grognait et lâchait ma coéquipière, j'enfonçai plus profondément la lame et la tournai vers le bas.

Cette fois-ci, il hurla et me balaya du revers de la main. Désorienté, son regard fou me cherchait et il ne cessait de se tourner pour m'attraper. Heureusement, même blessée et fourbue, je restais plus rapide qu'un géant de plus de deux cent kilos.
Tout en criant à Sanaa de s'éloigner, j'entrepris de faire passer mon corps derrière le sien afin de créer un déséquilibre et le regardai s'effondrer en hurlant et en se tenant le bras tandis qu'il sombrait pour aller rejoindre ma précédente victime sur les pavés en contrebas.

Le silence se fit dans ma tête.

Mes oreilles bourdonnaient violemment et je dus m'agripper à la tunique de Sanaa quand elle me rejoint pour ne pas tomber à mon tour.

WardaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant