Chapitre 5 Héna

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Un brouillard s'empare de mes pensées et je suis incapable de reagir face à cet inconnu lisant les pages de ma vie les plus sombres. Comment ? Enfin qu'est ce qu'il fait là, l'air paniqué en train de poser mon carnet sur mon bureau. Je sens très vite les larmes qui montent, en plus d'un inconnu qui fouille dans ma vie, je vais craquer devant lui. Il se retourne et pose son regard dans le mien. C'est seulement là qu' il se rend compte de l'erreur qu'il vient de faire en franchissant la limite que j'ai mis tant d'années et de larmes à construire.

- Qu'est ce que...? Je bredouille en ne trouvant plus les mots.

Son air est coupable, ses sourcils sont froncés et il déglutit péniblement. Je ne sais pas ce qui m'arrive mais je reprends possession de mes idées. Alors qu'il ouvre la bouche pour formuler une excuse que je ne veux surtout pas entendre je lui lâche le plus calmement possible, pour ne pas inquiéter mes parents :

- Sors. De. Ma. Chambre.

Mais au lieu de suivre bien sagement mon conseil, ou plutôt mon ordre il se rapproche de moi, et je sens que je vais craquer :

- Héna ce n'est pas ce que tu crois... je voulais juste comprendre...

- Ha ! Monsieur veut comprendre alors ? Et c'est quand j'ai le dos tourné que tu te lance. Chapeau ! Je m'incline.

Ma voix ne flanche même pas, enfaite je crois que je veux juste qu'il se fasse bouffer par les remords. Il n'est pas bête et il sait très bien qu'il n'avait pas à faire ça. Je croise mes bras sur la poitrine et il se rend compte d'une chose à ce moment-là, alors que je serre les mâchoires : il n'y a plus aucune chance qu'on s'entende.

- Et alors qu'est ce que tu peux comprendre ? Hein ? J'ai une histoire si spéciale ! Enfin ça tu as dû le comprendre car il ne faut pas plus de deux neurones de connectés pour savoir lire ! Je souffle un bon cou avant de continuer mon monologue alors que lui, regarde fixement un point à côté de mon visage :

- Personne ne peut imaginer ce que je ressens. Même pas toi en lisant ce carnet.

Alors que je termine de parler et de vider mon sac, il relève la tête pour y poser ses yeux vert dans les miens :

- Je comprends la douleur, si j'élève ma propre petite sœur ce n'est pas pour rien. Et même si Juliette est encore près de moi, je peux essayer de comprendre ce...

En comprenant qu'il fait allusion à Nylon, je me précipite vers lui et le pousse en arrière pour qu'il sorte au plus vite de ma chambre.

- Et c'est ce qui t'a donné le droit de faire ça ? J'hallucine. Un mot de ma part à Jane ou à mon père et tu dégages de chez nous. Alors. Sors. De. Ma.Chambre. Je ne le répéterai pas.

Sa voix résonne encore alors que je lui ai demandé de partir. Je ferme les yeux pour garder mon calme.

- Je voulais juste que ma soeur soit près de moi, car nous non plus on a pas vécu des choses facile figure toi. Ma petite sœur de trois ans vie chez ma meilleure amie, parce que TOI, tu ne veux plus d'enfant sous le nez.

Ses paroles ne me touchent absolument pas. Que croit-il ? Que je vais m'appitoyer sur son sort et celui de sa petite sœur alors qu'il s'est cru tout permis. Il peut se mettre le doigt dans l'œil. Je ne sympathise pas avec les menteurs et les fouineurs. Il n'avait pas à faire à fouiller mon esprit, il peut maintenant être certain que je ne lui donnerait que ce que mes parents me demandent. La politesse en public, la rancune en face à face.

Elio

Ce que j'ai lu tourne en boucle. Et puis ses foutus yeux d'un marron profond remplie de détresse quand elle a posé ses yeux sur mes mains tenant son carnet. Et cette bouche rose, parfaitement dessiné mi-ouvert, la lèvre légèrement tremblante me retourne l'esprit.

Nous deux à travers la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant