Chapitre 48 Elio

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Sa main est fine dans la mienne. Alors que mes jambes suivent mon cœur elle sourit et ses joues sont pourprées d'une douce rosée qui me laisse à penser que pour l'instant j'ai plutôt bien réussi ma mission. Maintenant la question est : Est ce moi qui la fait sourire ou l'événement ? J'aimerais penser que c'est moi, toutefois rien n'est jamais sûr avec Héna.

Une fois en bas, c'est les coeurs battant à la chamade par notre course folle que nous decouvrons de plus près la petite plage discrète qui selon moi pourrait renfermer bien des trésors. Pourtant sa main ne lâche pas la mienne, elle vient se placer près de moi et j'en viens à observer son profil dans le silence. Son regard finit par se poser sur la guitoune où j'ai réservé deux planches de paddle :

- Je suis persuadée que tu n'as aucuns équilibre pour tenir debout sur la planche, me défie-t-elle les yeux pétillants de joie et de légèreté.

D'un autre côté elle a surement raison, à Paris il n'y avait pas de planche de paddle ni de surf entre deux HLM. Et c'est vrai que l'eau n'est pas mon élément contrairement à elle. Je relève la tête et croise mes bras sur ma poitrine découverte. C'est en la surplombant de ma hauteur que je lui souffle, l'air tout aussi amusé qu'elle :

- Tu pars avec un avantage, tu as grandis les pieds dans l'eau . Mais ne t'inquiète pas pour moi, je suis assez déterminé pour y arriver tout seul.

Elle arque un sourcil avec un air étonné et se penche vers moi ce qui me laisse la possibilité, à mon plus grand bonheur de humer son parfum naturellement salé par les longues heures qu'elle passe dans les vagues. Elle finit par dire sans me lâcher de son regard noisette :

- C'est ce qu'on verra alors.

Je souris, tandis qu'elle me tourne déjà le dos pour aller rejoindre la cabane en bois. Elle ne vit que pour la compétition, surtout quand c'est dans un domaine qu'elle maîtrise. Néanmoins son humour taquin me fait sourire. Pourquoi ? Parce qu'elle ne pense à rien d'autre qu'au moment présent, et c'est ce que je souhaitais en organisant cette petite viré.

Après avoir écouté les consignes du moniteur, qui honnêtement s'adressait plus à moi qu'à Héna, nous nous dirigeons enfin vers l'eau. Tout ce dont j'ai retenu c'est que si j'arrive à me mettre sur les pieds et non sur les genoux dès le début je serais considéré comme un débutant balaise. Donc il est hors de question que je me laisse ridiculisé par cette étape de genoux pour ramer. Je fais confiance à mon équilibre. Je ne sais pas comment elle fait pour me devancer autant avec cette planche qui pèse une tonne, toutefois c'est elle la première à mettre les pieds dans l'eau. Je la regarde discrètement pour voir comment elle s'y prend, j'ai vraiment envie de ne pas passer pour une andouille de première. Alors je l'imite, je passe un pied au-dessus de la planche pour m'y asseoir une fois que l'eau m'arrive au genoux. Puis je m'empare de la pagaie et rame vers elle en étant toujours assis. Elle me jette un coup d'œil en arrière, et elle me sourit. Au moins la surprise est réussie c'est le principale.

Une fois que je suis debout sur ma planche sans être sans arrêt en train de perdre l'équilibre, j'apprécie un peu mieux la balade. Dans ce petit lieu reculé, aucun courant, aucune vague ne vient interrompre la douceur et la tranquillité de ce littoral caché.

Alors que j'arrive au niveau de sa planche je la vois me scruter, et sa pagaie frappe de plus en plus rapidement l'eau. C'est avec un sourire mesquin que j'accélère moi aussi le rythme, et cette fois sans perdre l'équilibre.

- Tu veux jouer à celui qui pagaie le plus vite sans tomber ? C'est ça ? Hurle-je alors que je suis quasiment à côté de sa planche.

Elle m'observe une fraction de seconde, le sourire aux lèvres et les cheveux au vent. Elle hurle de rire sans s'arrêter pour autant de ramer :

Nous deux à travers la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant