Alors que je rentre de mon footing comme tous les matins, j'aperçois Jane discuter avec mon père, en messe basse. Je passe sans rien dire de peur d'interrompre une discussion inappropriée entre adultes. Foutaise ! Je m'approche d'eux et je parviens à entendre quelques mots prononcés par ma belle mère tout en montant les escaliers pieds nus :
- Mon neveu, Elio que tu connais. Le fils de ma sœur... Eh bien il vient d'acheter un appartement. Mais il n'a nulle part où loger le temps de ses travaux. Je pensais qu'il pourrait venir ici...
C'est tout ce que je parviens à entendre. La hauteur des escaliers et l'épaisseur des murs m'empêchent de percevoir autre chose que des chuchotements. Mais apparemment nous avons bientôt un invité. En attendant j'ai besoin d'une bonne douche. Nous sommes au mois de Juillet, et il fait déjà chaud à en mourir à seulement midi.
En sortant de la douche je ne peux m'empêcher d'observer mon reflet dans le miroir. La voix de Jane me fait sursauter :
- Héna ! A table !
Je lève les yeux au ciel en choisissant un autre jogging et un autre débardeur pour descendre manger. Quelques tatouages restent apparents, mais desormais j'en ai plus rien à faire du regard noir de mon père et de celui de Jane quand ils les apercoivent. Ils font partie de moi, et mon père a suffisamment connaissance de mon histoire pour en connaître la symbolique.
Je m'apprête à descendre mais je me raidis quand j'entends non seulement la voix grave de mon père, mais aussi une deuxième voix tout autant masculine. Je ne m'attendais pas à voir notre "invité" si tôt. Je me surprend à plaquer ce sourire plus que faux pour donner bonne impression. Parce que ne pas le faire semble embarrassant pour notre entourage.
Je dévale les escaliers, lève la tête, les cheveux toujours humides, et pose mon regard vers la porte d'entrée où se tient un jeune homme châtain qui tire vers la couleur du soleil. Ses yeux sont comme ceux de Jane, verts. Les gènes sont bien transmis. Jane s'agrippe à son bras comme si elle ne l'avait pas vu depuis des années, ce qui est peut-être le cas. Elle s'approche de moi en trimbalant son neveu. Je roule les yeux au ciel en sachant qu'elle tient à la présentation officielle. J'adore Jane car elle rend heureux mon père mais parfois elle en fait vraiment beaucoup pour pas grand chose, et j'ai parfois besoin de plus d'espace.
- Bon alors Elio, dit-elle en s'adressant à son neveu. Voici Héna ma belle fille, et Héna voici Elio mon neveu.
La façon dont elle a dit "mon neveu", avec tant de fierté, réchauffe tout juste mon coeur. Il m'adresse un bonjour chaleureux et je le lui rends. Ensuite, je fais comme d'habitude, je m'assois à table comme s'il n'était pas là. Mon père arrive les bras pleins de bonnes choses qu'il pose sur la table, avant d'aller saluer notre invité. Alors qu'Elio s'installe à côté de Jane, mon père fait le tour de la table pour venir me déposer un baiser sur le front afin de me saluer à mon tour.
Le repas commence dans un silence pesant, je regarde Jane puis Elio, la ressemblance est frappante. On dirait presque que c'est son fils. Il a des cheveux châtains clairs, légérement plus foncés que ceux de sa tante. Ils sont assez longs, quelques boucles lui tombent sur le front. Mon père me coupe dans mon observation pour questionner Elio :
- Ta tante ne m'a pas dit ton âge.
- J'ai dix-neuf ans, lui répond-il en levant son regard de son assiette. Ses yeux se posent sur moi :
- Et toi Héna tu as quel âge ?
Je maintiens le contact visuel, s'il croit m'impressionner il se met le doigt dans l'œil le pauvre. Il a l'air d'un gars bien trop sûr de lui. Mais le regard de mon père m'oblige à répondre par politesse.
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Nous deux à travers la vérité
RomanceMes journées ont changées. A 17 ans mon corps est marqué par l'ancre de mon passé. Je fais de nouvelles rencontres, de nouvelles expériences mais il y a toujours cette chose qui me tire en arrière. Je me sens comme forcé à regarder le passé. Cet enf...