Chapitre 51 Héna

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Mes mains coincées entre mes jambes, j'ose à peine lui adresser la parole quand il rentre dans la voiture. Juliette reste tranquille à l'arrière, ce qui à le don de m'impressionner. A peine à t'il démarrer le véhicule, les mains serrant son volant qu'il m'interroge sans même un bonjour :

- Tu les as déjà vu ?

Je le regarde bouche bée, alors qu'il reste infaillible face à la route. Je n'aime pas du tout son ton sec, en plus de ça on vient à peine de se retrouver, et j'ai bien du mal à comprendre cet agacement qui perdure. Je ne les croiserai jamais, et je pense sincèrement qu'il leur a foutu la trouille.

- Déjà, bonjours.

Il me jette un coup d'œil et souffle, ce qui me laisse clairement penser qu'il s'en fou.

- Héna je ne rigole pas. Réponds à ma question.

Il commence à me taper sur le système, j'ai l'impression qu'il me prend pour une gamine. Et même si on a deux ans d'écart, il n'a pas à le faire.

- Ne me donne pas d'ordres, tu sais très bien que ce n'est pas comme ça que je fonctionne, j'assène d'un seul coup en sentant la colère monter en moi.

- Héna ! Arrêtes tes caprices, et réponds à ma putain de question !

Mes caprices ? Mon cœur se déchire, entendre ce qu'on redoute n'est jamais une partie de plaisir. Je serre les dents surprises des mots qui sortent de la bouche de celui auquel je me laissais bercer.

- Pourquoi ?! Qu'est ce qu'il se passe ?

- Je les connais, ce ne sont vraiment pas juste des imbéciles. Répond maintenant, il faut que je sache !

Il semble au bord de la crise de nerfs, je ne l'ai jamais vu comme ça, et ça m'effraie un peu. Mais par-dessus tout il me fait moi aussi monter en pression en ne me disant pas directement ce qui se passe. Je jette un coup d'œil discret à Juliette, qui doit sûrement sentir la pression monter dans l'air. Elle s'est tassée au fond de son siège-auto, et ses yeux bleus sont légèrement floutés. Il me fait une scène devant sa petite sœur pour quelque chose qui est déjà derrière nous, au sens propre et au sens figuré. Je le maudis intérieurement de faire pleurer Juliette pour une chose aussi bête, et lâche sans vraiment réaliser ce qui sort de ma bouche :

- Info numéro une, si tu tiens à moi : Ne me parle plus jamais comme ça. Info numéro deux, pour répondre à ta question : oui un des gars me disait quelque chose.

Il serre les machoirs au vu de ce détail, moi rien ne m'inquiète, nous sommes dans un petit patelin, on croise souvent les mêmes visages. De plus qu'un livreur à aussi le droit de vivre dans un village, même s'il y travaille.

- Et numéro trois, pour ta gouverne : Tu fais flipper ta sœur à m'engueuler comme une gamine. Et rien que pour ça tu mériterais mon silence.

Sur ceux-ci, je me tourne face à la vitre pour observer les ravins qui s'offrent à moi. Puis une dernière chose me vient en tête alors je poursuis, n'aillant pas dit mon dernier mots sur son comportement de macho :

- Et au lieu de me traiter comme une pauvre enfant écervelé, tu aurais mieux fait de me dire ce qui t'inquiètais, et j'aurais répondu à tes questions sans souci. Même sans un bonjour poli pour tâter le terrain, à la place tu as preferé m'interroger comme un vulgaire policier.

Et malgrés mon agacement, et ma voix qui tremble par la colère, il ne trouve rien d'autre à me dire que :

- Je t'expliquerai plus tard. Ce n'est pas contre toi, tu ne mesures juste pas encore le danger actuel.

Nous deux à travers la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant