Nous deux à travers la vérité

Chapitre 42 Elio

Mes phalanges me chauffent un peu suite au coup de poing. Dès que je l'ai laché il s'est faufilé auprès de ses potes, lâche comme il le paraît. Cela ne m'étonne même pas. Mon attention se reporte sur Héna. Elle essaye désespérément de se relever mais ses jambes n'ont pas l'air coopératives avec sa détermination. Je me précipite vers elle pour vérifier comment elle se sent. Mais je vois vite ses yeux se brouiller. Sans réfléchir je glisse une main sur sa hanche mais pour l'aider à se relever et à ne pas perdre pied, mais elle sursaute à ce contact. Et je sais pourquoi, parce qu'ils ont collé leurs sales pattes sur son corps. Je serre les machoirs pour me retenir d'aller tuer ces pauvres mecs.

- Ne me touche pas s'il te plait. Je me débrouille. Dit-elle en regardant droit devant elle.

Je l'écoute, en respectant sa demande, même si cela me donne la gerbe de savoir qu'elle puisse imaginer que mes mains sont celles de ces répugnants garçons. Une fois bien stable sur ses pieds, elle s'appuie contre le mur et regarde le plafond. Quelques larmes menaçant de glisser sur ses joues pourtant je ne dis rien. Elle a besoin d'espace et je le respecte. Nous restons dans le silence pendant quelque temps, elle appuyé contre le mur face à moi. Je ne cesse pas une seule seconde de l'observer et de m'inquiéter pour ce qui vient de se passer. Je n'ose même pas imaginer ce qu'ils comptaient lui faire si je n'étais pas arrivé à temps. La tête en arrière, elle se met à sangloter. Je la connais assez bien maintenant, pour savoir que si elle pleure devant moi c'est qu'elle est à bout, mais vraiment au bout du bout. Je ne sais pas trop quoi faire. Alors, je m'approche tout doucement d'elle, d'abord pour voir si elle accepterait un contact rassurant. Mais, une onde me parcourt l'échine lorsque je croise ses yeux couleur bois. Son regard est voilé par une brume et je peux y lire toutes sortes d'émotions, peut-être trop. Elle est terrifiée, elle semble prendre conscience de ce qui vient de se passer. C'est seulement maintenant que je me rends compte que toute son âme appelle à l'aide.

- C'est fini Héna. Je te promets qu'ils ne te toucheront plus. Dis-je en essayant de l'apaiser tout en gardant mes distances.

Les larmes ont rempli ses yeux, et ses lèvres se mirent à trembler. Pas un mot ne sort, pourtant son regard exprime une telle souffrance que je parviens à sentir mon cœur se déchirer.

- Je suis là Héna...

Je tente de m'exprimer pour la réconforter où lui prouver que je suis là, mais l'émotion me prend en otage. C'est à ma plus grande surprise qu'elle se jette contre moi et pleure sur ma chemise blanche. Déconcerté par ce contact et l'émotion que me procure son cœur contre le mien, il me faut du temps pour placer mes bras autour d'elle. Lorsque mes bras sont bien ancrés autour de ses épaules, je ferme les yeux et la laisse pleurer contre moi. J'embrasse le haut de sa tête dans une action dès plus naturelle. Je ne veux plus la lâcher, je veux qu'elle se rappelle uniquement de ce contact pour oublier tout le reste. Mais elle se détache brusquement de moi, et sèche ses larmes d'un revers de main. Elle me regarde dans les yeux et tout semble se remettre à tourner autour d'elle. Elle a repris la main sur la réalité.

- Je dois aller rejoindre Baptiste, il va s'inquiéter. Dit-elle froidement.

Je fronce les sourcils face à l'absurdité de la scène :

- Quoi ? Tu ne vas pas faire comme si de rien n'était quand même, et retourner en cours ?

Elle me regarde dans les yeux, avec ce foutue masque qui fait maintenant partie d'elle. Elle prend un air sérieux et me lâche :

- Si. C'est ce que je fais depuis 1 an Elio.

Mon cœur tombe soudainement dans mon estomac. Ils l'ont touché plus d'une fois ? Ils l'ont terrorisé pendant 1 an ?! Je réagis au quart de tour en la prenant par la main pour l'entraîner vers la sortie. Il est hors de question qu'elle puisse continuer à faire semblant. Je la tire derrière moi en serrant ses doigts entre les miens.