Je descends les escaliers, car j'ai entendu Héna hurler sur le fameux Baptiste mais je n'ai pas osé descendre à ce moment-là. Mais désormais j'entend des petits sanglots, et ce ne sont pas ceux d'un mec, ceux d'Héna.
Je me raidis en la voyant recroquevillé dans les bras de Baptiste. Je reste planté là sur le haut des escaliers. Ses joues sont roses et des larmes glissent sur ses joues parsemées de tâches de rousseurs. Elle tremble contre lui. C'est à ce moment là que je décide de faire irruption :
- Qu'est ce qu'il se passe ici ? Héna ?
Son visage plein de larmes se tourne vers moi, elle se détache enfin de lui. Et puis y a ce Baptiste qui m'adresse la parole :
- T'inquiète, t'as pas besoin de te mêler de ça.
Je bouillonne. Il veut la protéger, si c'est son meilleur ami elle a dû lui exprimer le mépris qu'elle avait pour moi, d'où cet air si supérieur qui me donne envie de le renvoyer chez lui. Mais Héna à l'air déjà assez mal comme ça, je doute qu'elle envie de me voir s'énerver contre ce Baptiste.
- Bien-sûr que je peux. Souffle-je.
Oups je n'ai pas pu m'en empêcher finalement, je suis vraiment un naze. Mais la réaction de Baptiste en vaut le coup.
Alors que je le fusille du regard, Héna pose sa main sur le torse de son ami et lui conseille mollement :
- Tu devrais rentrer Baptiste, je vais me reposer et Elio est là si besoin. Rentre en plus il ne pleut plus.
Elio est là ?
Oui c'est ça rentre chez toi.
Héna ne bouge pas alors que son ami se dirige vers moi, il s'arrête et me dit discrètement :
- Ne fais pas le con avec elle sinon je te pète les genoux.
Mais bien-sûr. Je ne dis rien et me contente de le regarder dans les yeux un sourire en coin. Et il dégage enfin, me laissant à nouveau respirer de l'air pur. Je me dépêche d'approcher Héna pour lui demander ce qu'il se passe. Mais elle me regarde juste avec un regard noir, affalé sur le dossier du canapé.
- Aide moi à monter, au lieu de t'inquiéter comme mon père le ferait.
- Oui, tout ce que tu veux.
Un léger sourire se dessine. Et c'est seulement là que je me rends compte à quelle point elle me semble fatigué voir épuisé. Ses cheveux sont ternes et elle a des traces violettes sous ses yeux. J'étais sûr de l'avoir vu en forme toute à l'heure, mais là elle semble au bord du ravin.
Je glisse mon bras sous ses épaules et l'aide à se lever. Elle doit être sous le choc d'une chose qu'elle cache pour avoir à me demander de l'aide. Puis viennent les escaliers, on commence à grimper les marches une à une, tous les deux, en même temps. Mais à la moitié elle trébuche. Je la rattrape de justesse en posant une main sur sa hanche pour éviter qu'elle bascule sur le côté.
- Allez Héna, on est à la moitié. L'encourage-je en caressant du pouce la peau de sa hanche nu.
On arrive dans sa chambre, elle s'écroule sur son lit, elle ne prend même pas la peine de se couvrir de couette. Pourtant sa peau me montre qu'elle frissonne. Alors je lui glisse le drap sur son corps fatigué.
- Merci... Souffle-t-elle.
Je ne lui répond rien, mais je m'assois près d'elle sur le bord du lit, et la regarde quelques seconde hésitant à lui demander ce qui s'est passé :
- Pourquoi es-tu sous le choc ? Qu'est ce que Baptiste t'as dit pour que tu réagisses comme ça ?
J'attends quelques secondes, mais elle semble s'être endormie alors je laisse tomber en me levant délicatement du lit. Elle me déteste. Pourtant sa main m'agrippe le bras.
- Parce que c'est comme si il était mort. Me souffle-t-elle au bord des larmes.
Son frère est mort alors ? Merde... Elle pose sa tête contre l'oreiller et referme les yeux les sourcils froncés. Je ne détache pas ma main de la sienne, cette fille est forte, est plus que forte bordel.
*
Deux-jours sans Héna, elle reste enfermée dans sa chambre seule, à repenser à son chagrin. Et je ne sais pas quoi faire, ses parents mettent ça sur le dos de ce qui s'est passé à la plage, mais il y a eu Baptiste alors je n'ai rien dit. Je ne la voit plus que le midi pour lui demander si elle a faim. Je suis bloqué ici, car ses parents ne sont pas là de la journée et je ne sais plus quoi faire. Ce Baptiste, si je le revois je le chope par le cou. On verra qui aura les genoux péter en premier. Héna semble au fond du troue à cause de lui et en plus de ça il m'empêche de voir ma petite sœur.
Il est 16h, et je m'ennuie vraiment comme un rat mort. D'un pas précipité et décidé à faire quelque chose de cette foutue journée, je me dirige vers sa chambre. Je toque et demande :
- Héna ?
Il n'y a pas de réponse, elle doit encore dormir, je rentre et le grincement de la porte la réveille. La mine toute endormis elle me regarde, les yeux gonflés :
- Elio ? Couine-t-elle.
- Je vais voir Juliette.
Elle se rendors instantanément, et je soupire d'exaspération face à son état d'esprit. On dirait qu'elle n'a pas dormi depuis des semaines et son corps accentue tous ces traits de fatigue. Je prends mon téléphone et je contacte Naëlle. Ça sonne et je colle le téléphone à mon oreille en m'écartant de la porte d'Héna pour ne pas la déranger.
- Salut Naëlle, je peux venir, je suis libre cet après-midi.
- Salut Elio, dit-elle mollement.
- Tout va bien ? Demande-je en fronçant les sourcils.
- Voit avec la petite, c'est elle qui ne va pas bien Elio.
Oh, je m'en doutais...ça fait au moins trois jours que je ne suis pas venu la voir. Elle va m'en vouloir. Une petite voix m'interrompt dans mes pensées, ma Juliette.
- Elio c'est toi ?
- Oui ma chérie. Ça va ?
Ma voix grave contraste avec sa petite voix de petite fille.
- Non pas trop, tu as oublié de venir...- Je le reconnais ma puce. Je suis désolé mais ça te dit de faire un gâteau et on discute tous les deux. Naëlle peut venir aussi.
- D'accord... Dit-elle d'une petite voix peu convaincu
Je n'ai même pas le temps d'adresser un mot à Naëlle que ma sœur me raccroche au nez. Bon...
Est ce que ça vaut la peine d'aller réveiller Héna pour ce petit changement de programme... Non, elle doit sûrement dormir en plus.
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Nous deux à travers la vérité
RomanceMes journées ont changées. A 17 ans mon corps est marqué par l'ancre de mon passé. Je fais de nouvelles rencontres, de nouvelles expériences mais il y a toujours cette chose qui me tire en arrière. Je me sens comme forcé à regarder le passé. Cet enf...