Sans même réfléchir j'attrappe ses épaules et la plaque contre mon torse pour la serrer contre moi. Elle se laisse pleurer dans le creux de mon épaule alors qu'une main furtive rejoint ses longs cheveux bruns, ayant moi-même les larmes aux yeux. Sa poitrine tressaute contre moi, je tourne légèrement mon visage contre sa tête pour y poser mes lèvres. Je ne sais pas quoi lui dire, qu'est ce qu'on pourrait dire sur ça...
- Elle s'est donné la mort Elio... Dit-elle contre mon épaule la voix étouffée par un sanglot.
Ca, je l'ignorait et cela à l'effet d'une bombe. Je la serre encore plus fort contre moi. Une larme dévale sa joue, sa propre souffrance est plus forte que moi.
- Elle...Elle nous a abandonnés...Affirme-t-elle, en se laissant désespérément tomber contre moi. Je l'accompagne alors qu'elle suffoque de larmes et je ne peux m'empêcher de ressentir sa détresse au fond de mes tripes.
Nous sommes maintenant tous les deux au sol, je la tiens toujours contre moi. Je tente de la calmer en caressant son dos, elle est blottie dans mes bras. Alors que la mer s'écoule sur son visage, je ne peux que lui offrir mes bras. Je ne sais que dire car je pense qu'aucuns mots ne pourrait l'apaiser...Le ciel nous tombe lui aussi dessus, la pluie pointe le bout de son nez. Je ne lui demande pas son avis, je prends la décision de l'emmener loin de cet enfer. Je passe un bras sous ses jambes et un autre au niveau de sa taille et alors que je m'apprête à la soulever du sol je lui chuchote au creux de l'oreille :
- Accroche toi.
Elle enroule ses bras autour de ma nuque, et je peux enfin la porter sans difficulté. Je la ramène au plus proche de moi en plaçant ma main dans le haut de son dos. Elle cache son visage dans mon cou, mais ne pleure plus. Plus je me rapproche, plus je sens son souffle contre ma peau ralentir, mais elle grelotte. Elle est en état de choc, ou peut-être est l'averse qui commence à tomber qui lui donne froid. La voiture n'est plus très loin, nos vêtements commencent à être trempés.
- Ça va aller Héna, on y est bientôt.
Elle remue la tête dans mon cou, signe qu'elle m'entend encore.
Une fois dans la voiture, je contracte tous mes muscles pour attraper les clefs de ma voiture dans ma poche tout en la portant. C'est d'un mouvement vif que je les attrappe et déverrouille la porte côté passager. Je me penche pour la déposer délicatement sur le siège. Je me dépêche de faire le tour de la voiture, pour y attraper le sweat shirt que j'avais laissé avant un aller retour chez Naëlle. Je reviens vers Héna, et vu que je ne sais pas si c'est la pluie et ou le choc qui lui donne froid, je lui demande si elle peut retirer son tee-shirt. Elle hoche la tête mollement et s'exécute, mais toute sa peau est recouverte de chair de poule et tous ses membres tremblent. Elle peine à faire passer son tee-shirt au-dessus de sa tête. Je l'aide à passer son tee-shirt par-dessus sa tête, et lui tend mon sweat shirt, elle le plaque contre son soutient gorge avant d'enfiler ses bras dans les grandes manches. Puis elle se tasse dans le fond du siège. Je la regarde un instant avant de refermer la portière. Puis je me dis que plus vite on sera rentré, plus vite elle avancera sur ce qui vient de se passer. Alors je claque la porte et fait le tour pour rejoindre ma place de conducteur. Je m'assure qu'elle ne grelotte plus, elle paraît si petite dans mon pull. Je ne vois pas son visage, elle regarde désespérément dehors à travers la fenêtre.
Je démarre en fureur, en passant la première, la seconde et la troisième en un rien de temps. Il faut qu'on rentre.
A peine sur l'autoroute qu'elle s'est endormie, emmitouflée dans mon sweet. Il faudrait peut-être que je prévienne son père de l'état dans lequel elle est. Je clique sur le haut parleur de l'écran tactile de la voiture pour activer la commande vocal.
- Appeler Charles.
Je jette un coup d'œil à Héna pour voir si ma voix ne l'a pas réveillée, mais non elle dort toujours à point fermé.
En attendant que Charles réponde, la sonnerie retentit dans tout l'habitacle de la voiture, je n'ai pas le temps de baisser le son que Héna attrappe ma main en plein vole.
- Ça doit rester entre nous.
Je l'observe surpris qu'elle s'est réveillée si vite, ses yeux sont terriblement marqués. Mais elle me supplie du regard de raccroché, alors c'est ce que je fais me disant que ce n'est pas une si mauvaise idée pour elle. Je raccroche, avec un peu de chance Charles n'aura pas reçu de notification.
Elle lâche ma main et se retourne directement vers la fenêtre, cette fois-ci elle ne dort plus.
Cela fait deux heures que nous roulons, je commence à ressentir de la fatigue mais je ne veux pas perdre de temps. Il faut que l'on rentre. Héna ne parles pas, elle reste appuyé le coude contre le vitre, et observe les autres voitures. Elle finit par dire avec un voix neutre sans me regarder :
- Elle n'a rien fait pour le protéger.
Son ton montre clairement qu'elle n'en revient pas de ce que sa propre mère à pu écrire... C'est le regard rivé sur la route que je lui dis ce que je pense de la situation, même si elle en à surement rien a faire.
- Les gens qui en arrivent là, à la fin ils ne sont plus vraiment eux même. Elle était en dépression non ? Cette maladie transforme les gens...
C'est sans un regard qu'elle me répond :
- Tout laisse à penser que oui elle l'était. Mais pourquoi ? Il avait trois ans, il n'avait rien demandé à personne.
Je serre les machoirs, je ne peux rien répondre à ça. Nous restons un moment dans le silence quand elle ressent encore le besoin de se confier :
- Je l'ai perdu Elio... il peut-être n'importe où...Je ne pourrais pas le retrouver.
Il peut-être n'importe qui, aussi. C'est le plus frustrant, je glisse ma main dans la sienne dans un geste incontrôlé et la serre fort. Elle daigne enfin me regarder, et son regard est plus que désarmé.
- C'est fini Elio. C'est comme si il était mort...Sa voix se brise, je porte sa main à mes lèvres les sourcils froncées pour ne pas laisser paraître ma sensibilité.
- Je suis désolé Héna, tu méritais de trouver de l'espoir quelque part.
Je dépose plusieurs baisers sur le dos de sa main, tout en restant concentré sur la route. Puis elle ramène sa main vers elle tout en gardant la mienne et l'encercle de son autre main. Elle murmure les yeux vitreux :
- Rend moi un service Elio.
- Tout ce que tu veux Héna.
Je ne me vois pas répondre autre chose vu les circonstances.
- Rend visite à ta maman, avec Juliette. Avant qu'il ne soit trop tard.
Ah. Elle m'a prise de cours, je m'attendais à tout sauf à ça. Mais pour elle, je suis prêt à faire ça.
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Nous deux à travers la vérité
RomantizmMes journées ont changées. A 17 ans mon corps est marqué par l'ancre de mon passé. Je fais de nouvelles rencontres, de nouvelles expériences mais il y a toujours cette chose qui me tire en arrière. Je me sens comme forcé à regarder le passé. Cet enf...