Nous deux à travers la vérité

Chapitre 37 Elio

Son corps n'est éclairé que par cette lumière au-dessus de nous alors que je parcourt du regard les quelques traces d'encre sur sa peau. Ce sont ces tatouages qui m'ont intrigué quand je l'ai vu pour la première fois. Et c'est en la voyant manger, à moitié appuyé sur le plan de travail, le regard perdu dans son assiette et nos deux âmes éclairées par ce fuseau de lumière que je sens que c'est le bon moment pour tout savoir. Ou plutôt, découvrir ce que je ne sais pas déjà. Elle croise mon regard, et c'est la tête posée dans le creux de la main que je lui souris. Elle fronce les sourcils alors je m'avance pour accéder à son avant bras. Je caresse l'intérieur, sa peau est douce et réagit à mon contact alors que je dessine chaques petite lettres de cette phrase : Lire, c'est vivre en pleine lumière. Elle m'observe se demandant surement à quoi je joue, alors je plante mes yeux dans les siens et chuchote :

    - Dis-moi tout sur tes tatouages.

    Elle sourit fuyant mon regard, avant de faire glisser vers elle son bras :

    - Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je n'ai pas envie de te montrer à quelle point je m'apitoie sur mon sort.

    - Comment ça ? Dis-je sans vraiment comprendre le sens de ses paroles.

    - Bah tous ces tatouages n'ont que des symbolique pathétiques. Et je n'ai pas envie que tu penses que mon passé est le centre de ma vie.

    J'encercle mes doigt autour de son avant bras pour attirer son attention :

    - Je ne te jugerais jamais Héna.

    Je la veux elle toute entière, peu importe la façon dont elle s'en est sortit. Ce qui m'intéresse c'est la personne qu'elle est aujourd'hui.

    Ses yeux rencontrent les miens, et elle semble convaincue de ce que je lui promets. Ses lèvres remus et je me laisse bercer par son histoire :

    - C'est drôle, parce que celui-là c'est mon premier. Avoue-t-elle le regard baissé vers son tatouage.

Je l'observe attentivement, et boit ses paroles :

- Je ne lisais pas avant. C'est grâce à Jane, c'est elle qui m'a glissé un livre entre les mains quand j'étais en pleine crise d'ado.

Son sourire ironique me laisse à penser que sa crise d'adolescence, dit-elle n'était pas une mince affaire.

- Et sans me rendre compte j'ai découvert que la lecture était un monde plus lumineux. Je crois que la littérature m'a rappelé que j'avais aussi une vie. Poursuit-elle

C'est donc pour cela que si souvent quand elle allait à la plage ou quand elle s'ennuyait dans le salon, je la trouvais un bouquin à la main. Elle continue de macher alors que ma main se glisse tout naturellement vers son cou pour y faire glisser mes doigts derrière son oreille. Son regard semble surpris du parcours de ma main, mais je ne m'arrête pas et viens tracer ce triangle du bout des doigts. Celui-ci m'a toujours beaucoup intrigué : que pouvait signifier un triangle traversé d'un trait, passant par son sommet ? Je laisse mon regard glisser vers ses yeux noisette et souffle en sentant mon coeur s'accélérer :

- Et celui-ci ? Dis-je dans un presque murmure comme si on pouvait nous entendre.

Son regard se perd sur mes lèvres et j'en joue car je souris, ses yeux retrouvent vite les miens pour répondre à ma question :

- Il veut dire "sky".

Je hoche la tête comprenant que le ciel est désormais plus près de sa mère, qu'elle-même.

Ma main descend ensuite sur son épaule gauche et c'est avec une audace nouvelle que je viens déposer mes lèvres sur ce trèfle à quatres feuilles qui se construit en un seul trait. Elle sursaute en sentant ma bouche rencontrer sa peau. Moi même, je me demande ce qui me prend, mais elle ne me repousse pas.