Chapitre 50 Héna

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 Mes clefs en main, je m'apprête à passer le pas de ma porte pour aller entamer ce nouveau jour de travail quand j'aperçois un livreur s'apprêtant à sonner. Il est encore tôt, et même si cela m'étonne d'en voir à cette heure si, je m'approche de lui avant qu'il ne fasse retentir la sonnette de peur que cet homme ne réveille mes parents.

- Bonjour, ne sonnait pas je vais vous ouvrir ! Dis-je au-dessus du grand portail.

Il se redresse et mon sourire du matin s'éteint en voyant cette vilaine cicatrice coupant sa bouche au niveau de la commissure de ses lèvres. J'essaye de camoufler cette surprise et ce sentiment d'insécurité en tapant le code pour ouvrir le portail. Je ne devrais pas penser ça, ce n'est pas parce que un homme à une cicatrice sur le visage qu'il est mauvais. D'ailleurs, sa réaction quand il m'aperçoit, me prouve que j'ai tort. Il m'accueille avec un sourire, qui certe semble faire partie de son quotidien de livreur, mais qui me rassure.

- Bonjour madame, c'est une livraison de fleurs.

- De fleurs ? Répete-je.

Pourquoi des fleurs arrivent-elles aujourd'hui ? Je sais qu'il arrive parfois que le vase dans le salon soit décoré, mais seulement lorsque mon père revient de chez le fleuriste. On a jamais eu de livraison de fleurs.

- Oui, vous êtes bien Héna Johnson ? Demande-t-il, un sourire en coin.

- Oui, c'est bien moi.

Il me tend alors l'emballage que je prends dans mes bras. Alors que je suis dans l'incompréhension totale, il repart me jetant un coup d'œil dans le rétroviseur. C'est vraiment bizarre. Je fronce les sourcils, encore un peu plus surprise que ses fleurs violettes soit pour moi. Elio m'avait déjà offert des fleurs par le passé, il avait deviné que j'aimais les tulipes, pourquoi aurait-il cherché à m'offrir autre chose ?

Je finis par me diriger à l'intérieur pour y déposer le bouquet sur le plan de travail avant que je ne sois en retard. Mais j'y remarque une petite carte, alors je l'ouvre, néanmoins je ne retrouve pas ce à quoi je m'attendais. Ce n'est pas l'écriture fine d'Elio que j'ai pu lire autrefois dans cette fameuse lettre. Passe une bonne journée Héna, on se voit bientôt. Ce bouquet veut dire beaucoup pour moi. Que veulent dire ses fleurs ? Une devinette, des mots gentils et une petite attention à mon égard. J'imagine que ce bouquet vient quand même d'Elio. Qui d'autres de toute façon aurait cette jolie attention à mon égard ? Je souris bêtement, mais mon regard croise l'horloge du micro-onde. Je fais un bond, il me reste dix minutes avant que le café ouvre. Je file chercher mon vélo dans le garage et me mets à pédaler de plus belle en direction du petit bourg. Tant pis, je prendrai le temps de l'appeler pour le remercier en fin de journée, après avoir révisé.

J'arrive en face du café et heureusement pour moi, je viens de battre un record personnel : Faire le trajet maison/Café en sept minutes. Je suis sûrement aussi rouge qu'un Belge qui s'expose au soleil, mais tant pis je suis à l'heure. Et comme d'habitude, le vieux monsieur arrive juste quelques secondes après moi, toujours à l'heure pour savourer son café accompagné du journal tout juste imprimé. Je noue mon tablier de barista, allume la machine à café, et commence gentiment la journée en discutant des dernières nouvelles, et surtout des potins avec ce gentil Albert.

Seize heures. Alors que je sers des expressos aux derniers touristes de la saison, je vois Nicole apparaître au loin sur le parking. Les clients me remercient et je leur sourit poliment avant de retourner au bar pour passer un dernier coup de torchon. Je n'aime pas laisser le plan de travail taché ou avec quelques grains de café par ci par là. Je préfère que tout soit nickel, pour Nicole qui prend le relai c'est juste une marque de respect. Elle s'approche de la boutique, mais quelque chose d'anormal se fait voir dans sa démarche. Et à travers ses lunettes de soleil, je vois que les traits de son visage sont tirés. Pourtant elle salue tout le monde avant de rentrer, mais une fois à l'abri des regards, à l'intérieur, elle s'appuie sur une table. Et je vois qu'il y a une chose qui cloche à la façon qu'elle a de respirer. Je m'approche d'elle d'un pas assez rapide, pour lui proposer mon aide.

Nous deux à travers la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant