Chapitre 43 Elio

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Nous passons enfin la porte de l'appartement, elle est venue ici qu'une seule fois. Elle passe le pas de la porte derrière moi alors que je balance mes clefs dans le petit pot de l'entrée.

- Tu t'es bien installé depuis la dernière fois.

Elle ne l'avait pas revu depuis que j'ai emménagé ici. On ne s'était pas revu tout court depuis qu'elle était partie. Je me tourne vers elle avec une envie folle de l'embrasser, mais je ne peux pas, je dois resister.

- Tu veux boire quelque chose ?

Elle me sourit alors qu'elle pose son manteau sur le portant dans l'entrée. Elle vient ensuite s'asseoir face à moi sur les sièges en hauteur devant l'îlot central de ma cuisine. Puis elle passe sa main dans les cheveux avant de me dire l'air un peu fatigué :

- Tu me proposes quoi ?

- Je peux te faire un thé, si tu veux.

Elle me regarde en souriant, sûrement contente de voir que je prêtais attention à ses petites habitudes de grand-mère. Je la voyais parfois descendre uniquement pour se remplir une tasse d'eau chaude.

Pendant que je m'occupe de remplir les mugs, elle tourne tout doucement sur son siège de bar en observant chaque recoin de la pierre principale. Ses bras sont à decouverts, et je revois ces deux dates gravées à l'encre noir au dessus de son coude. C'est le seul tatouages où je n'ai rien demandé. Parce que je savais ce qu'il symbolisait, je l'avais lu...

- Qu'est ce que tu faisais dans mon lycée alors ? M'interroge-t-elle.

- On a une formation pour renouveler nos techniciens informatiques, j'ignorais que c'était ton établissement. C'était un pur hasard.

Elle doute du hasard, mais je jure que cela en était un. Et ce fut une chance d'ailleurs, que je sois là au bon moment.

- Ha ! D'où cette tenue très sérieuse alors. Se moque t-elle.

Je lui souris, il est vrai que ce n'est pas dans mes habitude de porter un chemise bien repassé, un chino et des chaussures vernis. En y repensant c'est vrai que ça fait un peu tâche au milieu du lycée.

L'eau boue enfin j'y insère deux sachets de thé avant de m'appuyer sur le plan de travail derrière moi, en croisant mes bras sur le torse.

- Héna ? L'interroge-je.

Elle se tourne de nouveau vers moi, et son regard se perd dans le mien.

- Qu'est ce qu'il t'est arrivé ? Qu'est ce que ces garçons te voulaient ?

Ma voix n'est pas agressive, je veux juste comprendre ses blessures pour ne plus jamais appuyer là où ça fait mal. Son regard se détourne immédiatement. Elle fixe la tête baissée le plan de travail. Je fais alors le tour de l'îlot et viens m'accroupir face à elle. Je la regarde et pose mes deux mains sur ses genoux.

- Il faut que tu me parles, il faut que je sache pour t'aider.

Elle relève la tête, et pose ses deux mains sur mes joues. Ses yeux sont légèrement troublés par quelques larmes qui menacent de tomber.

- Dire à voix haute ce qui s'est passé, c'est réalisé une fois de plus que c'est une triste réalité... Dit-elle la voix tremblante avec un demi-sourire l'air de s'excuser.

Je me penche un peu pour embrasser son genoux au-dessus de son jean et lui murmure :

- Je sais... Mais fais moi confiance. S'il te plait.

- J'ignore quand ça a commencé...

Elle déglutit difficilement, et je vois que ses larmes menacent de couler. Mais moi aussi j'ai tellement besoin de savoir. Je la serre contre moi en essayant de changer de sujet tout en essayant de la découvrir un peu plus. Bon sang qu'est ce qu'il lui ont fait ?

Nous deux à travers la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant