Chapitre 29 Héna

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 Après un long moment dans le silence, il ose enfin retrouver son pouvoir de la parole. Je viens de lui clouer le bec bien proprement, il l'a merité :

- Héna. Je suis loin de penser que tu es faible et fragile...

Il semble hésiter mais je ne sens plus que le mélange amer de la colère et la surprise. Je suis énervé de son comportement qu'il a eue, mais je suis surprise de son côté jaloux qu'il révèle en plein jour.

- Quand je t'ai rencontré j'ai su que tu avais une force en toi plus forte que quiconque. Et... Je sais que je ne suis pas au courant de toute ta vie. Mais tu as dix-sept ans, et tu semble éclater à cou de genoux les obstacles qu'on te présente.

Je bois ses paroles en le regardant dans les yeux. Je me perds dans cette forêt enchantée que renferme ses iris. Et ces mots me vont droit au coeur, a tel point que je ressens un pincement.

- C'est faux Elio... Dis-je timidement, légèrement honteuse de l'avouer.

- Si Héna. Écoute moi, tu ne repousse pas ton passé, tu l'affronte chaque jour sans baisser la tête. Y a rien de plus courageux. Un grand nombre de gens tente d'oublier, mais pas toi.

Je ne peux me détacher de son regard. Personne ne m'avait jamais rien dit de pareil. J'ai l'impression de détacher un cadenas lourd de mon cœur. Ses yeux parcourent mon visage, et la recherche d'un signe qui pourrait prouver que je l'écoute bien. Mais ce qui ne sait pas c'est que ses paroles me connectent à la réalité plus que jamais, mais cette fois à une réalité apaisante.

Ses mains se glisse dans les miennes, et il cherche a accroché mon regard :

- Pardonne moi mon comportement de gamin. J'ai agit sans réfléchir.

Je sers ses grandes mains dans les miennes. Et lui sourit, et pour je ne sais quelle raison je sens mes yeux s'humidifier. Je suis touché d'être comprise.

- Je te pardonne Elio.

Son visage se relâche puis laisse apparaître un sourire de soulagement. Ses bras entourent mon dos, et je suis pressé contre lui. Je me fige instantanément quand je sens sa tête se glisser dans mon cou. Après une seconde prise de conscience je me détends et pose mes mains sur son dos. Ni son parfum, ni la texture de sa chemise contre ma peau ne sont désagréables. Je ferme les yeux, la joue écrasée contre le creux de son épaule et je souris paisiblement.

La porte battante des toilettes s'ouvre et je me détache brusquement d'Elio de peur d'être vu. Une dame d'un certain âge nous regarde en passant entre nous. Elle nous soupçonne de quelque chose, mais après tout cela fait partie du jeu. Je fais mine de retoucher quelques détails dans le miroir pendant qu'Elio fait semblant de m'attendre les mains dans les poches.

Quelques instants plus tard, la dame ressort enfin des toilettes. Je me tourne vers Elio d'un seul coup, comme si on ne venait pas de se serrer dans les bras. Il nous reste un problème à régler :

- Comment on va faire alors ? On va vraiment faire semblant d'être ensemble ?

- Je crois que oui. Sinon je vais passer pour un menteur. Répondit-il.

- Ça pourrait te servir de leçon. Me moque-je. Mais tu as de la chance, je suis de bonne humeur. Mais on va établir des règles.

Les mains dans les poches, il s'approche de moi le sourir aux lèvres.

- Je t'écoute.

- Déjà il faut qu'on soit raccord sur ce que l'on va dire si on nous pose des questions. Lâche-je comme si j'avais déjà fait ça plusieurs fois.

Nous deux à travers la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant