Chapitre 2 Héna

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Comme beaucoup d'après midi, je la passe dans ma chambre enfermée. Mes parents pensent que je ne fais rien de mes journées et parfois ça les agace, mais cela ne m'impacte plus comme avant. Et je ne fais pas rien, bien au contraire : j'écris. Je passe mon temps étalé sur mon lit certes, mais je repense à des souvenirs de mon enfance et je les note dans un carnet bien précieux. L'oubli, est une chose qui me terrifie. Le ton de sa voix, son rire quand petite elle me serrait dans les bras ... Quand je me suis rendu compte que j'oubliai j'ai été terrifiée. Depuis dès que quelque chose me revient, je note, pour relire, repenser et ne pas laisser les souvenirs filer. Et puis il y a ceux que je n'aurais jamais, huit ans de souvenirs avec ma mère mais seulement trois avec mon petit frère. Il grandit sans même savoir qu'il a une grande sœur qui le cherche, et qui l'attend. Mais attendre une personne qui ne vous connais pas est une chose tout aussi impossible que chercher à attraper un nuage dans le ciel. Jane et mon père sont persuadés que mon petit frère est mort. Difficile à accepter, pas vrai ? Moi je suis persuadée que non. Son identité telle qu'on la connaissait est sûrement inexistante à l'heure actuelle, il peut y avoir tant de possibilités. Je ne ferais pas de deuil cette fois-ci, pas tant qu'on aura une preuve.

J'enfile mes écouteurs et décide d'écrire un souvenir qui me revient comme tant d'autres avant. Alors, j'ouvre ce carnet marron offert par Jane l'année dernière et m'empare de mon crayon. Pendant que je laisse rouler ma main sur le papier, quelques larmes coulent à la symphonie de la musique.

Ma bouche est tracée de la même manière que la tienne, mes yeux se dessinent comme deux petites amandes tout comme toi. Ma voix à un timbre différent, pourtant les gens nous confondent encore après ton absence. Tu es là où tu es, loin de moi. Je t'ai perdu à jamais et j'arriverais jamais à l'accepter quand je pense à tous ces moments que je n'aurais pas avec toi. Finalement, je me dis parfois que l'oubli serait plus paisible. Juste le silence et l'apaisement de ne t'avoir jamais connu. De ne jamais avoir eu de mère.

Il faut que je m'occupe l'esprit car sinon ma journée est foutue. Ecrire c'est toujours mon moyen d'extérioriser, mais il faut que j'oublis l'encre que je viens de poser sur mon papier. J'appelle Baptiste mon seul ami, et lui propose d'aller à la plage pour bronzer un peu. C'est l'avantage d'habiter au bord de la mer. Et puis ce sont les vacances d'été, il faut bien que je me retrouve le temps de deux mois, avant de devoir retourner dans ce lycée pour y faire ma dernière année. Enfin !

Forcément Baptiste accepte, il se doute que je ne vais pas souvent bien, mais il fait tout pour me comprendre et savoir ce qui se cache dans les côtés les plus sombres de mon cerveau. Alors j'enfile un maillot de bain, un short et puis passe un pull en mailles, histoire de couvrir un peu mon corps. Quand je sors, il est déjà là avec son vélo. Eh oui ! Plus qu'un an à tenir avant d'avoir nos voitures et faire ce que l'on veut. Il me sourit à pleines dents, je lui laisse un baiser sur sa joue pour le remercier d'être là, puis grimpe sur le porte-bagages de son vélo. Ses cheveux sombres lui tombent dans les yeux quand il se retourne pour me demander si tout va bien.

- Oui ça va, t'inquiète, j'avais juste besoin de me vider la tête, et puis j'ai des sacrés trucs à te raconter.

Sur le trajet je lui parle de notre nouvel invité à la maison et de son comportement étrange avec moi.

Alors qu'on s'installe sur la plage, je vois ce groupe de filles avec des corps de mannequins et des ficelles à la place de leurs maillots de bain louches sur nous, ou plutôt sur Baptiste. Les abeilles à deux doigts de se ruer sur le miel. Il faut l'avouer, mon meilleur ami est bien foutu, ses cheveux sombres, ses yeux verts et sa bouche bien dessinée, il a tout d'un bad boy. Mais il n'est pas violent, ni addict à la drogue. Il est doux et à l'écoute. La plupart des filles sortent avec lui que pour son physique de mauvais garçon, alors qu'il a tout d'un homme mariable. Une première arrive vers nous suivie de loin par ses copines, mais il me plaque contre lui et m'embrasse sur le front en entourant un bras autour de mes hanches. Je suis surprise, mais je commence à avoir l'habitude de ses techniques pour les repousser.

Nous deux à travers la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant