14. Les souvenirs du passé.

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tw : troubles du comportement alimentaire, mentions de harcèlement.

MORGANE,
Paris.

Cinq jours plus tard.

Ce fut par la mélodie stridente de l'alarme de mon iPhone que je me réveillai dans un bond de surprise. Déjà ! Du bout de la main, je tapotai ma table de nuit afin de mettre fin à ce supplice auditif, mais rien à faire, j'allais devoir me lever. D'un côté, c'était tant mieux : je ne serais pas tentée de me recoucher et d'arriver en retard mon premier jour de cours. D'un autre : mes membres dans leur entièreté répondaient absents en ce qui concernait la motivation pour se lever et démarrer la journée.

— Flemme, putain...soufflai-je avant de rabattre ma couette a sur elle-même au pied de mon lit.

Bientôt, je m'extirpai de la chaleur réconfortante qu'avait créée mon corps durant cette nuit qui s'était merveilleusement bien déroulée. Depuis que j'étais rentrée de Madrid, j'avais comme l'impression que je m'étais un peu plus rapprochée de la guérison totale. Certes, mon traitement à la Sertraline faisait beaucoup. Néanmoins, il ne réglait pas tout dans mon corps. Je n'avais pas le droit de nier : le football avait été et serait toujours mon anti-coup-de-blues le plus puissant.

Quand mes pieds touchèrent la froideur du parquet de ma chambre, ma peau se couvrit d'une chair de poule monstrueuse. Si en Espagne, l'été était encore présent à cette époque-ci de l'année ; c'était tout l'inverse à Paris : d'ici une bonne semaine, l'automne pointerait le bout de son nez.

J'attrapai mon sweat-shirt bleu foncé posé sur la chaise dans le coin de ma chambre — celui juste à côté de mon lit — puis l'enfilai. Forcément, je me mis à galérer lorsqu'il fut question de passer ma tête dans le col du pull. Les cols toujours trop étroits pour ma putain de tête trois fois trop grosse.

"Ta grosse tête d'intello-suceuse-de-profs" m'avaient-ils répété durant une année entière. J'avais fini par les croire, bien sur.

En arrivant dans ma cuisine, le pas lourd, je me dépêchai de m'emparer d'un mug et de le remplir de café. Il était déjà chaud. Heureusement, parce que je n'aurais pas eu la patience d'attendre un cycle de chauffe avant de boire mon café le plus vital de la journée : celui post-réveil. La vrai raison, c'était que je m'étais réveillée vers six heures du matin, et que, ne trouvant rien d'autre à faire, je m'étais avancée sur certaines choses que j'aurais eu à faire en me levant. Comme vérifier le niveau de charge de mon Mac, faire mon sac avec les documents nécessaires à rendre le jour de la rentrée — ceux que j'avais reçus chez moi début août, comme juste avant le début de ma première année, il y a deux ans — puis également...refaire du café grâce à mon percolateur premier prix. N'empêche que, je l'aimais, ma machine à 30 euros !

La routine recommençait chaque jour : pour déguster le contenu de ma tasse fumante, j'ouvrais ma grande fenêtre qui donnait sur une grande avenue parisienne, avec un paysage typique à la capitale : haut bâtiment, grandes ouvertures...gens aigris, bruits et circulation...ah, Paris !

Madrid était mieux, ne pus-je m'empêcher de penser.

La seule chose qui vint changer mon quotidien était le "ding" provenant de mon téléphone, indiquant un nouveau message. C'était forcément ça, je n'avais pas encore allumé mon Wi-Fi.

Si Louis avait oublié que rentrais à l'école à partir d'aujourd'hui, j'allais le frapper ! Et si c'était Ava qui forçait encore pour être au courant de détails inexistants qui se seraient passés durant mon escapade dans la capitale espagnole, j'allais aussi la frapp-...non, j'allais la noyer !

Hotline BlingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant