56. Leelou & Naila.

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MORGANEAvril 2017, Paris

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MORGANE
Avril 2017, Paris

J'en étais à mon quatrième café de la journée et il n'était que midi. Pourtant, je savais d'ores et déjà que je devrais rester éveillée de longues heures encore.

Quarante-huit heures s'étaient écoulées depuis notre arrivée au service d'urgences - pas le plus proche, mais certainement le seul de Paris où les médecins considéraient les patients sans trop de mépris.

Après une heure et demi, nous avions revu Lina, en larmes et sous le choc, refusant d'admettre qu'elle allait mettre au monde un bébé dans les délais les plus courts.

Lorsque Elliot et moi avions eu accès au box où notre amie avait été examinée - batterie de tests, prise de sang... et échographie -, elle était en train de se faire poser un cathéter de sécurité, mais aussi pour la nourrir en intraveineuse, puisqu'elle ne s'était plus nourrie depuis la veille au matin. Néanmoins, son regard était perdu sur le mur immaculé, ne réalisant même pas qu'un infirmier l'avait piquée et reprit sa tension avant d'appeler les brancardiers afin de la conduire au service de maternité.

C'était seulement quand les freins de la civière avaient été désenclenchés, et que nous avions dit au revoir aux urgences, qu'une première larme silencieuse avait coulé d'un de ses yeux.

En arrivant en salle de naissance, elle m'avait demandé si je pouvais rester. Si j'avais d'abord eu du mal à comprendre pourquoi, c'était parce que je n'avais moi-même pas entièrement conscience de la situation. Soixante secondes étaient passées, et j'avais accepté de rester à son chevet tout le long.

Puis, le 18 avril, à environ six heures du matin, malgré la difficulté due au refus d'une pose de péridurale de l'anesthésiste à cause du manque d'informations sur la mère et le nouveau-né, le bébé surprise de Lina avait pointé le bout de son nez.

Le bébé de Lina... et de William ; celui que le monde entier préférait appeler DJ Snake. Elle n'avait pas eu besoin de me l'annoncer pour que le lien se fasse : on était en avril, soit neuf mois après leur nuit regrettée par la magréhbine.

Installée confortablement - ou pas, mais passons - dans le fauteuil dans la chambre où Lina et sa petite fille resteraient encore quelques jours, pour vérifier leurs états de santé à toutes les deux après cet épisode surprenant, autant pour mon amie que pour ce petit être, je caressai l'arrière de la tête de ce dernier pour tenter de lui apporter un minimum de réconfort dans ses premiers jours sur terre.

Elle n'avait pas de prénom, et Lina n'avait pas encore décidé de si elle voulait la garder. Les médecins lui laissaient jusqu'à ce soir pour choisir si oui, ou non, elle voulait la reconnaître. En vue de la situation, l'acte de naissance n'avait pas encore été complété, donc l'accouchement n'avait ni été déclaré, ni indiqué comme sous X, mais juste... passé, pour des raisons de légalité.

Un livre de romance que j'étais passé prendre chez moi dans ma main libre de caresses minutieuses, je lus tandis que mon amie dormait à point fermés dans le lit médicalisé.

Hotline BlingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant