𝘈𝘯𝘵𝘰𝘪𝘯𝘦 𝘎𝘳𝘪𝘦𝘻𝘮𝘢𝘯𝘯
Le jour de son dix-neuvième anniversaire, Morgane, une jeune femme autrefois ébréchée par son passé tumultueux, avait vu ses anciens démons resurgir dans son quotidien. Une dispute, des mots regrettés, un mauvais pr...
tw : coups et attouchements (sur mineure), angoisses, meurtre.
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MORGANE Août 2002, Dardilly
Ça faisait déjà plusieurs minutes que j'étais cachée dans ma chambre. Enfermée sous ma couette dans ma garde-robe, je priais pour qu'il ne se fâche pas en découvrant que le jeu ne me plaisait plus.
Je voulais plus jouer avec Marc...
Marc, c'était mon beau-père et aussi le papa d'Alex. Depuis que maman avait quitté mon papa à moi pour se remettre avec celui de mon frère, il n'arrêtait pas de me répéter que je pouvais l'appeler de la même manière que Alex. Papa... Mais c'était pas lui papa... alors pourquoi voulait-il à tout prix se faire passer pour ?
Il me faisait peur maintenant...
— Morgane ? demandait Marc à voix haute pour que je puisse l'entendre depuis la salon.
J'entendais au timbre de sa voix qu'il n'était pas dans son état normal. Et je savais que j'allais le payer si je ne lui répondais pas maintenant. Je ne savais pas vraiment ce qu'il buvait les jours où il ne tenait pas bien debout et où il était méchant en parlant ou en bougeant, mais je savais que c'était quelque chose que je ne pouvais pas boire. C'était papa qui me l'avait dit ; un jour, il avait invité des amis à la maison quand c'était son tour de me garder et j'étais la seule à ne pas pouvoir avoir la même chose qu'eux dans mon gobelet avec les princesses Disney.
– Morgane...on va jouer, ma princesse, il me disait en se rapprochant de ma chambre.
J'en avais conscience parce qu'il n'a pas eu besoin de parler plus fort. Quand ça arrivait, sa voix déraillait et se coupait en plein milieu de sa phrase. Alex m'avait dit que c'était la cigarette qui faisait ça. Jamais je fumerais moi, c'était dégueulasse.
— Morgane...où tu te caches ma belle ? Il faut vite jouer avant qu'Alex et maman rentrent du foot, continuait-il.
J'entendais qu'il commençait à monter les escaliers. Mon coeur me faisait mal. Un jour, mon papa et maman s'étaient disputés. J'avais pleuré très fort et j'avais eu mal à...gauche — ou droite, je savais plus trop le sens de ce qu'Alex m'avait appris —, et mon frère m'avait dit que loin dans mon corps, sous des os et plein d'autres choses trop bizarres, il y avait mon coeur.
Il m'avait même appris que notre coeur faisait des trucs bizarres quand on était amoureux. Peut-être que c'était pour ça que maman pleurait souvent, peut-être qu'elle avait bobo à son coeur...en tout cas, si ça faisait mal, je voudrais jamais être amoureuse moi !
— Allez, Morgane ! s'énervait-il quand je ne répondais toujours pas. Si tu te caches encore plus de dix secondes, je choisirais le jeu tout seul...
Je mordais ma lèvre pour ne pas qu'il puisse m'entendre. Vu que la maison de maman est vieille, ça s'entendait jusqu'en bas quand je pleurais.
Bam. Bam. Bam. Il faisait cogner ses pieds contre les marches d'escaliers.
